Chez ADA, le groupe montpelliérain Grout/Grout fait partie des meubles – participation au volume 37 de nos compilations, ainsi que sublime reprise du There Is A Light That Never Goes Out des Smiths sur le volume 40 – mais depuis 2020 et la parution de leur troisième album (Nyctinasty – soit quand, à la nuit tombée, les fleurs referment leurs pétales), nous étions sans nouvelles. Surprise, le chanteur guitariste Sylvain Grout et ses acolytes – Avelin Castello (guitares), Pauline Montels (claviers), Dany Rizo (basse), Japy Lo Pinto (batterie) – sont de retour, sous l’espiègle patronyme Wendy Pot, clin d’œil à la britishitude qui nourrit l’inaugural Poppy Field, mais également cordon ombililexical avec l’œuvre passée de Grout/Grout, dont la chanson Peter Pan & Wendy Pot figurait sur l’opus Mrs Peelings (2014). Renaissance sans reniement, it’s a good thing, dirions-nous avant de nous télétransporter dans le Soho des sixties. Il faut dire que Poppy Field est une véritable invitation au voyage, entre pop catchy évoquant les Beatles, les Kinks et les Zombies (Flowering Carnival, que l’on croirait interprété par Damon Albarn ; In The Blink Of An Eye ; Be My Tea), rock classieusement teigneux (Play With Me, très Stones, avec du saxophone inside ; Bumping Into You, rappelant le Country House de Blur) et folk pluvieux (le très émouvant Your Most Devoted Friend). Niveau chant, tout le monde met la main à la pâte, et c’est un régal d’harmonies, tandis que le répertoire du groupe s’aventure vers la bossa-nova (Glitching Lovestory, délicieux refrains), le lounge (le conclusif Sunshine) et même le rock US des 90s, avec le surprenant Red Balloons (Elliott Smith et Mark Linkous sont sur un bateau…). Tour à tour solaire, mélancolique, pensif, souriant et studieux, Poppy Field ne manquera pas de séduire les amateurs de compositions ciselées, à la sauce british mais pas que.