C’est comme une déflagration telle que votre cerveau, pour ne pas vous infliger une douleur infinie se déconnecte, et interdit toute communication avec l’extérieur. Vous êtes figé, totalement interdit, vous percevez le monde, mais il vous est impossible d’échanger avec lui. Vous ne rentrez pas dans le tunnel au bout duquel une lumière serait votre horizon aimant, mais vous être tourné vers le même but, tout comme tous ceux qui au même moment connaîtront ce choc. Après l’écoute de Kairos, nouvel EP des Bisontins de Pan, cet effet ne sera pas immédiat, mais d’autant plus brutal. Inaction, morceau accueillant, comme si Jean-Michel Jarre illustrait les propos d’un chercheur accompagné de rats de laboratoire, mais que le labo était victime d’une explosion subite et ravageuse. La noise de Pam (Yann Robert, Thomas Spani, Julien Sanchez) prendra alors le pouvoir, telle une colère noire et froide, comme si les Thugs de Tout doit disparaître revenait à la vie et prenez de pleine face l’odieuse vie dans laquelle nous sommes baignés. Ne tombant pas dans une surenchère bruitiste, le duo tels des enfants de l’after punk, se saisit des mélodies qu’ils affinent pour les propulser (Somewhere Else et sa production atomisant la concurrence), donnant à la basse le droit d’utiliser des câbles sous-marins en guise de corde.

C’est fort en puissance, mais aussi en interprétation, le chant ici est comme un acte de bravoure que seul le musicien qui précède l’artillerie peut connaître au moment du combat. Il y a quelque chose de presque lyrique dans ces morceaux, mais un lyrisme qui se serait départi de ses artefacts brillants pour se recouvrir d’un t-shirt noir au col déformé par les colères intimes. Kairos est un disque qui arrive pile au bon moment, celui des colères intimes qui combinées aux colères collectives, font s’éveiller le corps amoindris par un choc. Kairos est en cela un uppercut de rappel, mais avec une amplitude gestuelle telle, que cela confine à de l’art. Magistral