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Je pense que je vous ai déjà dit combien la photographie est un média qui me touche. De Man Ray à Cartier-Bresson, de Jérôme Sevrette à Stéphane Merveille, que de prises de conscience de l’autre dans l’infini détail d’une épaule qui se voûte, d’un mur qui s’écaille.

La photographie, c’est comme de la danse au ralenti, comme du mouvement en décomposition.

Alors quand en plus, cet art-là s’affranchit de velléités élitistes, quand la photographie prend des allures de Pop Art, qu’elle habille la collection "Fragments" chez les compères généreux de Monopsone, qu’elle se décline en objet hybride entre livre d’art et compilation visuelle du côté de "Terres Neuves", l’œil du créateur ré appartient alors à la vie de la cité, à nos atermoiements intimes... Nul besoin d’un papier d’argent pour révéler tout le caractère sensible qui inonde la lumière.

La collection "Villes Mobiles" aux Editions de Juillet est de ce geste là, de cette générosité là...

Terminus Saint-Malo from Les Editions de Juillet on Vimeo.

Prenant le parti de parler d’une ville à travers les mots d’un auteur confirmé ou non avec les photographies exclusivement prises et post-traitées à l’aide d’un téléphone intelligent, cette collection redonne à cet acte de reproduire les autres, les lieux un caractère ludique un peu comme ces marathons photos que je faisais avec mes filles quand elles étaient plus jeunes... Vous savez... Ces ballades dans des endroits munis d’appareils photos hyperactifs, ces suites de photos montées les unes à la suite des autres comme des cadavres de moments exquis, entre l’instantané flou et le mal cadré, le petit accident révélateur.

Ici, on retrouve avec plaisir le brestois Arnaud Le Gouefflec aux talents multiples.Musicien (à retrouver sur le Volume 31 des compilations A Decouvrir Absolument), scénariste de bd, on se rappelle de sa "Nuit Mac Orlan" en compagnie de Briac Queillé récemment paru.

On connaît les obsessions du bonhomme pour les masques, de Fantomas au chanteur sans nom. On peut désormais y joindre la déambulation car ici comme dans sa dernière BD, il en est encore question. le dessin expressionniste et hautement expressif de l’auteur d’Armen laissant la place aux vignettes anthracites et cendrés de Stéphane Mahé.

Comme toujours chez Le Gouefflec, la gravité joue avec le second degré qui se prolonge en écho dans les images claires-obscures de son complice. On ne saura pas si Arnaud se sera mis au service des images ou si Stéphane Mahé répond à l’intrigue mais peu importe, l’alchimie prend et sacrément.

De traque en chausse-trappe, de filature en dérive, nos pas s’égarent au rythme claquant du martèlement des pavés.

Entre divagation touristique, guide de voyage à l’atlas flou et au sommaire mal fagoté... Entre carte postale détective et couleur locale intriguante....

Quête vaine de l’autre ? Recherche de soi ?

"Terminus Saint-Malo" pourrait évoquer l’anecdote si on ne fleurait pas dans l’arrière boutique une dimension absurde propre à toutes les errances...

Villes Mobiles une petite grande collection !!!!

www.editionsdejuillet.com/




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