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Il est préférable d’oublier les anciennes girlfriends nous ayant impitoyablement largués. Il serait néanmoins injuste d’évincer les découvertes musicales que nous leur devons. Sur ce point, l’illumination Twerps me vint d’une chérie à jamais bloquée sur l’indie-pop 90’s. Partageant ma fougueuse passion pour Peter Astor et The Wake, celle-ci, un soir après le boulot, rejoignit notre maison d’amour en brandissant le premier vinyle du groupe australien (au passage, thanks to « Pop Culture Shop »). « Tu vas voir, mon poussin : ce disque est pour toi », me dit-elle. Et c’était vrai : délicatesse harmonique, voix extrêmement touchante (car imparfaite et toujours un peu adolescente), arpèges « Submarine », feeling « Only Life »… Depuis, j’ai souvent réécouté l’album éponyme de Twerps en y retrouvant, à chaque fois, ce qui me fascinait, collégien, dans la musique des Go-Betweens ou des Pastels : une correspondance fragile avec l’éternel romantique qui sommeille en beaucoup ; une sincérité qui réchauffe les cœurs en bernes ; des mots tendres exprimés dans une (presque) nudité à laquelle il est confortable de s’identifier…

Pourtant, en fin d’année dernière, Twerps sortit un EP qui, bizarrement, ne résonna guère en moi. Mais probablement avais-je l’esprit ailleurs, trop dans le trivial pour replonger dans mes années Sarah… Autant dire qu’au moment de lancer la lecture de « Range Anxiety » (deuxième album débarquant par surprise), je craignais une redite en plus musclée (façon TPOBPAH) ou bien une collection de chansons à écouter d’un air blasé… Comme je suis con, parfois ! « Range Anxiety », dans la lignée du précédent LP, est une sacrée drogue douce qui va squatter mes enceintes durant toute l’année. Toujours dans un jumelage Pastels / Feelies, ces australiens arrachent des larmes de bien-être, réconfortent et apaisent, renvoient aux souvenirs mais se conjuguent au présent. Car la force de Twerps ne tient qu’à une belle sagesse, à une clairvoyance qui permet au groupe d’exprimer des émois adolescents avec la distance procurée par le poids de l’expérience. Hier, nous écoutions Stephen McRoobie et la paire Grant / Robert en s’imaginant plus matures que nous ne l’étions. Aujourd’hui, Twerps nous conforte dans l’idée suivante : la fougue romantique ne se perd jamais, elle s’adapte naturellement aux contingences de l’étape adulte.




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