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Pour notre 3e et dernier jour de festival, on navigue plutôt à vue, ne connaissant que peu d’artistes programmés ce jour. Mais on a confiance, jusque là nous n’avons eu droit qu’à de belles découvertes. Direction une nouvelle fois la superbe Chapelle Saint Jacques, comme les déjà habitués que nous sommes au bout de 3 jours.

Le lieu est plein à craquer, avec un public familial, venu partager de beaux moments avec tout d’abord le brésilien Rodrigo Amarante. Seul à la guitare acoustique ou au Rhodes, sa présence et son chant d’une grande douceur bercent l’audience qui se laisse tranquillement emporter par ses compositions folk et douces. Sa voix médium agréable et caressante se prête à merveille à ses berceuses et autres chansons, écrites en brésilien, anglais et même français. La sérénité qui se dégage de ce concert a des vertus apaisantes… on se sent bien, tout simplement.

Et ça tombe bien, parce que le jeune C. Duncan nous maintient dans cet état de grâce. Les 5 anglais distillent une pop planante & sucrée, gorgée de nappes de claviers, et mêlent leurs voix en chorus, comme un choeur d’anges. Ils jouent principalement les morceaux de leur 2e album "The midnight sun" récemment sorti. Une fois de plus, la chapelle magnifie leur musique et rend la superposition de voix magique, presque mystique.

Changement de lieu et d’ambiance : manteaux gants et écharpes sont de mise pour aller assister au concert suivant, qui se déroule dans la cour de l’hôtel le Capricorne, situé près de la gare, à quelques minutes de marche. Oh, mais il fait froid. O, oui, c’est bien le nom du groupe que l’on découvre là. Le public est toujours familial et nombreux pour assister à ce concert qui s’avère être une des très belles surprises de la journée. On est vite captivé par l’univers du groupe et d’Olivier, son chanteur-guitariste charismatique. Accompagné par Jérôme à la batterie & pads et Mathieu aux claviers, Olivier chante "l’odeur du coton", mais aussi la naissance de sa fille, cris à l’appui, comme si on y était ! Les compositions à la fois très mélodiques sont aussi complexes, barrées mais parfaitement maitrisées, accompagnées en cela par un son aux petits oignons. Pour terminer ce concert, O demande à l’assemblée s’ils ont envie de faire l’amour, avant d’exécuter un coquin "A kiss", qui se prolonge par des bandes de gémissements qui résonnent dans l’hôtel… ça semble finalement assez approprié.

Ragaillardis, nous prenons ensuite le chemin du Minotaure où nous attend la dernière ligne droite rockomotienne. L’occasion de passer devant le stand merchandising du festival où l’on peut acheter des chouettes t-shirts sérigraphiés fabriqués sur mesure, mais aussi le triple vinyle anniversaire 25 ans (toujours disponible ici :

https://lesrockomotivesfigureslibres.bandcamp.com/) comportant la fine fleur des artistes français programmés depuis les débuts.

C’est Fragments (de Rennes) qui ouvre la soirée sur la petite scène disposée près du bar : alternant entre guitares, claviers, batterie et samples, les 3 musiciens nous embarquent dans leur musique instrumentale entre post-rock et électronica, dessinant des reliefs estompés ou escarpés, selon les moments. On sent le groupe heureux de jouer pour la 1ère fois à ce festival ; à la fin du concert, ils plaisantent avec le public en annonçant des CD à vendre et… des pains au chocolat à 15 cts.

La soirée se poursuit dans la grande salle par Tortoise. Loupés au Tinals pour cause d’embouteillage de groupes inratables (quelle idée de les programmer en même temps qu’Unsane !), les cinq américains en imposent : chaque musicien a une présence et une personnalité forte, ils alternent tous - à l’exception du guitariste Jeff Parker qui reste fidèle à sa Gibson demi-caisse - sur les différents instruments, passant l’un de la basse à la guitare, l’autre de la batterie aux claviers/programmations et vibraphone… bien que pouvant parfois être un brin ennuyeux sur disque, le groupe captive sur scène par sa maîtrise des sons et sa dynamique imparable et conquiert le public en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

Miossec enchaîne ensuite, non sans faire remarquer avec un certain amusement : "Jouer après Tortoise une fois dans sa vie, c’est possible à Vendôme !" ; toujours cette notion d’éclectisme chère à l’équipe du festival. Accompagné par une violoniste/mandoliniste, un guitariste & un claviériste - en remplacement de l’accordéon que l’on avait vu sur la tournée précédent la sortie de l’album – Christophe Miossec joue les morceaux de son dernier album "Mammifères" (On y va, Après le bonheur, Le roi, Les mouches…) mais aussi quelques morceaux plus anciens (Que devient ton poing quand tu tends les doigts, La mélancolie…). Comme à son habitude, Christophe parle avec le public, le taquine et rappelle qu’il était déjà là il y a 20 ans avec Mellano, comme l’assistance d’ailleurs… En réminiscence du passé, il fait tomber volontairement sa guitare avant le rappel, et en revenant, celle-ci ne fonctionnant plus, il lance : "Putain, j’aurais dû être DJ, c’est un métier plus cool". Le concert est chaleureux et bien moins chaotique que par le passé.

Arrive ensuite la curiosité du jour, le truc improbable qui mêle politique, un Bagad, Brendan Perry (la moitié de Dead Can Dance) et l’inénarrable Olivier Mellano, le seul à pouvoir monter un projet aussi ambitieux et inattendu. Ça s’appelle No Land, et c’était trop court. Ok, mais encore ?

Nous avions eu la chance de découvrir ce projet lors des Nuits de Fourvière cet été, on savait donc déjà à quoi s’attendre… ce qui nous a permis de nous laisser complètement captiver par le son et la présence forte des musiciens du Bagad Cesson, composé de 30 bombardes, cornemuses et percussions, tous arborant les couleurs de l’utopie No Land. Le talent de compositeur d’Olivier Mellano opère pour détourner avec délicatesse les codes traditionnels et ainsi créer une musique puissante et évocatrice d’un monde sans frontières, survolée par la voix hypnotisante de Brendan Perry. Le bataillon musical mené par la fée à la baguette Magali Jamault est en marche, il nous transmet son énergie vivifiante et nous libère de nos doutes.

Galvanisés par toute cette débauche d’énergie, il ne fallait pas moins que les Puppetmastaz pour faire exploser notre surplus de good vibes. Le procédé du groupe semble assez connu, mais pour être honnête, nous le découvrons ce soir : une sorte de castelet arborant les couleurs de Puppetmastaz, que surplombe bien sûr des marionnettes qui rappent, et rudement bien.

Passé le moment de surprise et de rigolade, on se laisse bien prendre par les instrus et le flow très efficaces des rappeurs, tout autant que par la mise en scène et l’histoire mêlant sac de patates, planche à roulettes et baguette magique ! Imaginez une bande d’adultes chauffés à blanc, scandant et dansant comme des fous en fin de festival devant des marionnettes, c’est pour le moins étonnant mais hautement jouissif !

La fatigue d’une grosse journée ayant eu raison de nous, nous nous esquivons au début du set electro/funk/hip hop de Dee Nasty, dont on nous dira par la suite le plus grand bien.

À l’heure du départ, on n’a déjà qu’une envie : revenir ! Pour une première fois, c’est peu de dire que nous avons apprécié ce festival si particulier : entre une programmation variée, équilibrée entre découvertes passionnantes et valeurs sûres, un accueil aux petits oignons doublé d’une ambiance détendue et bienveillante par une équipe toujours souriante, la possibilité de rencontrer les artistes au détour d’un verre ou lors d’un autre concert grâce à l’absence bénéfique d’un coin VIP, des lieux magiques et insolites, nous n’avons que des points positifs à aligner !

Photos par Jérôme Sevrette sauf Rodrigo Amarante, C.Duncan et O par FLK.




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