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Le drame du chroniqueur, enfin du scribouillard amateur comme moi, c’est de trouver la punchline qui bouclera un papier éclairé ou poussif, la phrase qu’il pensera définitive, et qu’il retrouvera sur le bandeau des cd’s à la FNAC, comme quand les grandes enseignes vendaient encore du disque et surtout quand elles ne jouaient pas avec la vie des distributeurs.

Pour le dernier EP de Adam and the Madams j’avais eu la plume lourde, presque gênante, mais pas totalement éloignée de ce que je pensais réellement du duo. Je l’avais placé en haut de la pyramide mondiale (oui oui, et je persiste n’enlevant pas cette conclusion, chose aisée quand on écrit sur un média numérique) tellement ce EP avec sa reprise enormissime (et le clip !!!) du « Heroes » de Bowie m’avait emballé comme rarement, et à mon âge je suis pourtant plus proche de l’emballement définitif façon momie dans un sarcophage que de la nouvelle claque musicale.

Alors, n’aimant pas me répéter, sauf quand je croise un nouveau disque de Coldplay, une réformation de Placebo (ah mince ils ne sont pas séparés) ou un film avec Clovis Cornillac (le mot de Cambronne est alors un comique de répétition que j’adore employer), je ne vais pas vous faire le coup du meilleur groupe du monde en vous parlant de cet album de Adam and The Madams. Quoique, d’une façon indirecte, en vous disant que dans le genre, cet album est ce qui se fait de mieux (là le scribouillard évitera d’employer le mot foutraque, même s’il est quand même vachement mieux ce mot que savamment et talentueusement bordélique).

Car oui ce disque est bordélique, comme nous pouvions trouver OK computer majestueusement éclaté (bon ok lecteur, la comparaison s’arrête là). Nous ne sommes pas en présence d’un disque plein de fioles, laboratoire où la moindre seconde aura réclamé des heures (là le chroniqueur est content de cette phrase, et semble s’affubler d’un rictus gênant, surtout que son voisin de train n’a pas l’air commode). Pas de tableau noir, d’équation à multiples inconnues, mais une envie de chasser l’ennuie et la monotonie à chaque recoin de ces chansons. Et avec des morceaux aussi compliqués à suivre quand on a l’habitude des autoroutes ennuyeuses, les recoins sont nombreux. En 11 plages, Adam and Madams nous colle à notre siège, celui-ci fixé sur des vérins, nous basculant sans précaution, l’étonnement prenant le pas sur la peur, l’incrédulité ou l’envie d’en découdre avec celui qui m’aura fixé sur celui-ci. Traversé qu’il est par des bruits nombreux (le Beck des premiers albums semble battu haut la main) le disque parvient également à nous attraper, nous tordre les tripes, nous collant une émotion dans la poitrine comme Nadal colle une raclée sur le central de Roland Garros.

Le drame du chroniqueur est donc arrivé, conclure, poser les rames qui servirent à la traversé de ce papier (celle du disque est une randonnée sonore que je ne suis pas encore là de baliser intégralement). « Macadamia » n’est peut être pas le disque du siècle, mais dans ce monde où nous passons des heures à penser une seconde, il est fort et décoiffant de savoir ne pas nous laisser voir le temps passer. C’est tout l’art d’Adam and The Madams, chasser l’ennuie. Je viens, je reste sans jamais repartir. Le meilleur monde du groupe.




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