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Il y a des soirs comme celui-ci. Votre train fend la nuit avec une tristesse évidente. Les voyageurs qui vous accompagnent, tirent une tronche faisant passer Lobanovski pour Henri Salvador, et votre journée de labeur a définitivement axé vos minutes prochaines sur les rails d’un repos obligatoire. Alors vous branchez votre ipod, il regroupe vos chroniques de retard, et vous glisser votre doigt sur The Rodeo, alors que le prochain Charlotte Gainsbourg semble devoir susciter toute votre attention.

Le problème est que cette écoute, qui se devait avant tout dilettante, fiancée de votre repos, va se transformer en écoute pointue, car The Rodeo n’est pas l’énième groupe qui surcharge ma cdthéque, c’est une belle surprise, une ballade dans un far wet lunaire, tout à la fois Lynchéens et Jarmuschien, comme si la coiffure similaire des deux se rejoignait enfin. Dés « On The Radio », The Rodéo ballade sa nonchalance chaude avec un aplomb étonnant, comme si derrière la porte de l’hôtel, mêmes les plus fines gâchettes tremblaient à l’idée de croiser le feu. On pense tout autant à Portishead qu’à Goldfrapp, mais produit par un David Eugene Edwards qui discuterait d’homme à homme avec le christ. Entre l’atmosphère inquiétante de « On The Radio » et la quiétude solaire de « I’ll Catch The Following Train », quelques secondes, suffisantes, car l’accueil y est de ceux qui vous font soigner votre relation. Vous ne proposez pas une ballade en écoutant « I’ll Catch The Following Train », vous l’imposez, car le bien doit finalement s’imposer. Si l’on regrettera la facilité brut de « Cha Cha Cha », chanson trop démonstrative, trop tributaire des tripes, on s’extasiera sur « Here’s The Light », moment charmant et sautillant, comme un cheval lecteur avisé de Prévert. Pour finir « Amazing » fait roder le fantôme de Sinnead O’Connor, le temps d’un morceau comme une valse de la fatigue, colorée par des chœurs tendres.

« Hotel Utah » pourra dés lors m’accueillir, après un périple entre des gares et cinq chansons, qui laissent une belle envie de prolonger ce sentiment de douce fatigue.




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