Pour une raison que les historiens ne rechignent pas à confirmer, Jeanne d’Arc c’est fait bruler vive, oubliant qu’en se consumant, Jeanne allait s’approprier l’atmosphère. « Tauten » n’a pas été brulé, pire, il a été oublié, rejeté, caillassé de dédain, rougi au fer rouge de l’ostracisme des oreilles mal débouchonnées. Mais "Tauten" est arrivé jusqu’à nous. Il est fier, il est droit, il a le sourire crispé de celle qui va nous promettre l’enfer si l’on ne l’aime pas, mais qui va savoir nous aborder, nous caresser. « Tauten » n’est pas un disque agressif. Il est presque doux, si l’on porte pour le "Rid Of Me" de Polly Jean Harvey un œil humide de charme sadique pour notre capacité à ne pas souffrir de tachycardie avancée. La tension ne se transforme pas en rage, et pourtant elle est vive. Vale Poher ne joue pas dans le bac à sable folk, parfois simpliste de ses congénères. Non, elle, sous le sable, elle respire grâce au mouvement, et quand la lumière se faufile entre les grains, elle la happe, pour la transformer en énergie, plutôt que de la suivre pour sortir et se bruler. « Tauten » est un beau titre, comme une revendication tout à la fois tranchante mais aussi poétique, les sons se lovant avec douceur. Attention à ne jamais oublier que les erreurs du passé sont nos pires cauchemars. Disque implacable.