> Critiques > Labellisés



Tout d’abord, avant tout, laissez-moi glisser un mot ou deux sur ces groupies, managers bénévoles et amis dévoués qui ont ce pouvoir fantastique de s’illusionner, s’embraser pour leur "Idoles-amis", non pas ceux qui gueulent aux concerts sans en rater un seul (eux aussi sont nécessaires et bienvenus), mais ceux qui croient dur comme fer qu’il y a un futur dans ce son de guitare, qu’il y a une étincelle dans ces paroles, et que le monde se doit au moins, d’y porter une oreille, d’apprendre ce nom, de toucher du bout du doigt de pied la température de l’océan sonore aimé. Les groupes munis (souvent sans le savoir) de ces amitiés, de ces fans, ont une porte ouverte là où, peut être, ils s’imaginaient un mur. Bien des fois des managers ou de simples amateurs m’ont poussé de leur insistance vers des disques que je n’aurai sans doute pas eu le temps de prendre en compte, et il faut les remercier, autant au niveau du groupe qu’au niveau des humbles écrivains que nous sommes, ils sont aussi importants, sachez-le, que des entreprises de marketing froides et souvent éloignés des premières lignes de concert de bars de village, et je me fie plus aisément de quelqu’un qui est au combat qu’en arrière-garde. Nathalie, ceci va pour toi (je me permets d’y ajouter quelques milles de Nathalie de plus qui harcèlent jusqu’a faire voir le jour dans la nuit).

C’est donc sous un harcèlement gentil, je précise de cette demoiselle bénévole mais passionnée que je me suis laissé allé à écouter Vague III, j’avoue que c’était le début de l’été, je m’étais promis des vacances d’encre et un repos pour mes oreilles, je n’avais d’ailleurs pris pour le voyage qu’un Sheller en solitaire, c’est vous dire. Mais quelqu’un a insisté de si belle manière, que j’ai cédé, j’ai quand même préservé mes vacances (donc pardon pour le retard) parce que moi aussi, je suis têtu comme une mule. Cependant, j’ai écouté, vrai aussi que j’avais déjà eu des bribes de leur travail par je ne sais quel biais et que cela était tentant. J’ai donc pris mon carnet dès mon retour et marqué mes impressions, a la va-vite, mais la première impression ne trompe jamais, c’est bon, c’est vraiment bon, ça mérite d’être connu, et plus encore. Ceci dit, parlons de ce groupe suivant les émotions écrites sur mon calepin. Je retourne au boulot. Par logique, quand il y a un passionné, il y de la passion.

Quand quelqu’un a tant envie de voir son groupe s’élever, c’est qu’il y a une base apprendre en compte, il faut savoir déceler le trésor par les étincelles que diffuse l’or. Ici pas de mensonge, c’est pure science humaine, logique de l’art. Vague III, Lillois heureux et légers, débutent en 2015, leur projet, sans presser les choses, semant peu a peu leurs fruits, en petites doses de plaisir, prenant leur temps pour touts autres projets, a feu lent, comme le font les grands, et les sages. Et ici, le nouveau petit cadeau de cette belle bête tricéphale, un titre qui vient renforcer leur talent après le non moins excellent "We are the good people".

Ce single " Sans le dire a personne" publié sur le label Space party depuis Mai, est déjà suffisant pour se rendre compte des entrailles de la bête, pop sophistiquée avec sa juste dose de rugosité, le titre s’enregistre aisément dans nos K7 crâniennes, Leitmotiv a murmurer sous la douche, a chanter a toute heures. Nos trois vagues, tant ondes de chocs qu’ondes hertziennes, sont roulés comme de parfaits engrenages, huilés au millimètre pour le plaisir, sans entrer dans une facilité pop de radios estivales, ils imposent un lest de froid sou jacent a ces lignes claires et festives, quelle fraicheur tant réconfortante. Cette alchimie, Noni Pop la travaille déjà depuis quelques années, composant avec son art habituel (aka Jérôme Brulant, aka Sally bat des ailes...), mais il n’est que le visage connu de ce groupe, se tenant a son juste poste, un pied de ce tripode aux racines françaises et regard saxon, les deux autres pieds soutenant le projet sont eux aussi, vitaux, Manu Simoens déposant la touche plus rock par son jeu de guitare et la voix féminine et puissante (c’est elle qui m’a d’ailleurs attiré a la première écoute), voix claire et pénétrante, acidulée, sucrée dans sa juste mesure de Perrine Barrois. "Sans le dire a personne" est un léger ouragan qui mélange intelligemment l’anglais et le français, conscient qu’au niveau business, les sousous sont dans la popoche de Shakespeare & co, mais que ce français là, employé avec cette lucidité de mots tranchants, a son mot a dire, justement. Ce mix linguistique donne une ampleur évidente, qui fait rapidement se perdre les oreilles dans la mélodie, tout s’imbrique, se noue, et l’ensemble parait plus costaud, plus brillant, plus intéressant qu’une simple poperie de chaque été. Il y a de la profondeur dans cette envie de si bien faire les choses, Noni n’en est pas a ses premières écritures et les leçons se sont bien assimilées, il a cet art de Midas de dorer tout ce qui serait oxydé dans d’autres mains, il ne fait pas dans la grosse difficulté, ce n’est pas le plus grand des risques, mais c’est beaucoup mieux pensé que ça, il fait dans le besoin de nos corps et âmes, il sait ouvrir nos portes, il sait des ondes sismiques qui nous excitent, et il sait confier ses armées a ses deux compagnons d’aventures (savoir se faire accompagner, partager un projet pour qu’il croisse, est un don). Lui qui sait ce qu’est un travail solitaire, a aussi cette clarté de reconnaitre le besoin d’aide, ceci est une saine ambition, un pas en avant dans le curriculum des artistes. Conscient aussi du bonheur que peut offrir le contraste léger-lourd dans la musique, il en use ici autant pour nous faire addicts en surface, dansant sur la pop, que pour nous faire douter, et aller plus profond, la quête un peu rock de l’âme. En cela, l’apport de Manu me semble précieux, lui a entendu a la perfection quel chemin serait le meilleur pour arriver a ce contraste et mets ses cordes au sucre et a l’acide, un peu dans l’ombre, ce qui lui permet de ciseler les sonorités, il y a, dans cette ombre, la liberté et la fraicheur qui lui offre l’opportunité de coécrire, d’apporter le deuxième point de vue, de créer le c contraste. Reste à causer de Perrine, cette voix a une place pour moi déjà importante dans le panorama français, cette voix délicate, chaude, rafraichie ce single, mais lui donne un pouvoir, une puissance digne des meilleures interprètes, ceci, n’est pas qu’une voix, ceci est le visuel du son, son image, sa teinte, sa silhouette, le corps de la chanson (la musique étant l’âme, nous avons ici une vie entière). En attendant plus de ce trio, on peut aussi prêter l’oreille en ces temps estivaux aux autres titres qu’ils égrainent tel ce "We are the good people" dont je vous causait plus haut, petit manifeste qui nous ouvre les yeux et les feuilles sur le chemin intéressant que va prendre ce trio, et jeter aussi un œil sur leur visuel, univers d’eux. Messieurs dames, faites suivre ce groupe… ça promet.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.