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Jusqu’ici, jusqu’où ont pu voler mes oreilles, j’ai su entrevoir de magnifiques chansons, des hymnes a s’en arracher les âmes, j’ai pu écouter des dimensions que l’épiderme n’arrivait a contenir, j’en ai entendu des odes merveilleuses, et puis des ombres épaisses, de denses brouillards qui me faisaient tout autant chavirer, certains m’ont portés aux lèvres d’un vrai bonheur, des Walhalla sonores qui m’ont fait religieux d’uns et d’autres, fans des aurores dans les queues de concerts, le front appuyé aux premières heures sur la vitre froide du disquaire, jusqu’ici certains m’ont attendrit jusqu’à ce plaisir de clore les yeux et savourer, d’autres m’ont tant griffés qu’ils m’ont fait mordre ma vie, d’un instinct animal, d’un esprit primitif. Il est là, le summum, elle est là, l’essence des mélodies, des vinyles, des studios, dans cette découverte a en perdre haleine de l’amour sur les solfèges, jusqu’ici, j’ai écouté chansons et musiques, une seule fois jusqu’ici, j’ai découvert les mots et les verbes qui me respirent, jusqu’à Phôs, je n’avais encore découvert la poésie dans le son.

Parce qu’il s’agit ici de littérature, parce que le mot se conjugue au solfège, dans un univers neuf, organique, maternel, protecteur, amant et blessé, dans un univers d’une compris par l’autre, il s’agit de lire la musique comme jamais nous n’avons su la vivre là même où la note est tombée amoureuse du verbe, à l’ infini de tout. A l’oblique, sur cette ligne de nous qui nous emporte vers le ciel, vers l’inconnu, qu’importe chute ou envol, a l’oblique, ni vaincu ni vainqueur, l’ascension sublime de nos âmes, ni couchés comme amoureux, ni debout comme amants, entre deux mondes, entre deux êtres. Poésie, poésie pure qu’on inhale comme un besoin vital, comme réponse a nos jours, de mots fins qui nous supportent comme des fondations de demeures, ces contreforts obliques de nos cathédrales intimes, où l’on prie le bonheur d’être, seulement ça, d’être bonheur, plus loin, supplier d’être aussi, circuler dans les veines sonores de ces mélodies épaisses comme la peau, blessées comme une écorce, Phôs, maintenu entre la chute et l’envol, est une lumière nécessaire pour croire. Laissons nos âmes se baigner dans le divin de ce disque, et rejoignons les humains qui l’ont conçu, comme un recueil brillant d’atmosphères , un écrin magnifique à des dires. L’union des astres fait souvent des éclats dans l’univers, ici, c’est un soleil qui nait, issue de l’ombre et de la lueur, il éclaire les profondeurs. Cet unisson entre Catherine Watine et Intratextures, tant inattendue comme magique, est une orfèvrerie au-delà des matières, un travail profonds et tellurique, qui soulève les peaux, pensé, dévoré et recrée sur les pages sonores d’un recueil de poèmes, les arts se sont alignés dans l’espace temps, oui, il était temps de réaliser l’osmose de cette belle manière. Défilent les paysages nourris de remords, les gestes imbibés de magie quotidienne, les lamentations et les élévations, ces petits détails qui sont guerres, et se nouent aux angles de mouchoir pour se souvenir de l’image, de ses sons et de ses teintes. Phôs met en lumière la beauté, c’est là son trajet, le but de l’effort spirituel, et il caresse la perfection sur l’échine des « Orpailleurs », et c’est un effleurement tout le long de l’œuvre, apte a mettre des ailes aux cicatrices, capables d’ouvrir des plaies au ciel, quelque chose qui repousse l’impossible, puisque l’on est dans l’autre dimension, puisque l’on nage dans la poésie. Intratextures, dans un travail d’intelligence sonore, a fait un effort digne d’Atlas, pour soutenir cette planète de mots qui est fleuve et terre, un travail de composition de longue haleine, marathon de sensibilité exercée sur chaque instrument, puis sur chaque son, construire non pas le piédestal, sinon le monde probable autour de l’histoire, autour du conté, du raconté, et envelopper la diseuse dans un écrin de strates sobres et puissantes, comme un coffre fort, comme une habitation blindée, comme un songe. Quand a Catherine, musicienne merveilleuse et parolière magicienne, elle se déshabille de ses instruments et de son confort pour s’élancer dans le vide des écrits, des lettres, dans le danger des mots, et dans le difficile art d’avouer, d’être nue, d’être vraie, autant dire, que c’est une essai réussi, douloureux, sans doute, car se montrer est souvent avancer ses faiblesses dans ce que l’on ressent, mais il y a ici, en elle, des forteresses faites par le temps qui lui ont autorisé l’envol. Phôs atteint la lumière dans ce duo inattendue et impressionnant, un album surprenant, d’un autre univers, hors du temps, qui reste intime en tout instant, qui reste sublime souvent, qui dépasse le moment, un de ces ovnis sonore, une comète qui ne passe que rarement dans nos espaces auditifs, et nous en sommes témoins, puisque la poésie, en ce jour, est musique, pure lumière atteinte.

distribution digitale sur toutes les plates-formes distribution physique watine.bandcamp.com CD et Vinyle couleur numéroté avec fanzine de 20 pages




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