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Au début, ce sont les présentations. Bonjour. Bonsoir. Enchanté. De même. Manners maketh man. Dit-on. Et puis. De l’Angleterre d’Elgar et des Bitolz période 67, la bascule s’opère bientôt vers l’Inde des râgas, où les cadres mélodiques peuvent concentrer notre univers, et mêmes les autres, vers l’Afrique des Bantous, où les marimbas galopent sous les feuillages, les fleurs géantes, l’ombre des lianes. Il faut danser, danser, danser !

Meredith Monk, Charlie et le Liberation Music Orchestra, Carla Bley, tous secoués dans la joie de jouer ensemble. Vraiment ensemble, dans une commune joie de construire une cathédrale de fragments tous liés, reliés par leurs bords et leur cœur. Ainsi joue l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, ainsi tend-il sa joue, non pour une gifle sur l’autre, mais dans l’attente tranquille d’un baiser ami.

Les motifs répétés sont un discours sur les cycles, les cercles, les cirques, ce qui roule, tourne, tombe et se relève chaque fois. C’est la musique des temps anciens, celle des rituels pour tricoter corps et nature, esprits et mystères. Steve Reich les a bus, puis en a tiré un grand cadeau offert à la musique, aux musiciens : l’Orchestre le reçoit, avec humilité mais non sans envie de le réinventer.

Les inflexions de P.J. Harvey sont-elles dues aux journées, et aux nuits, passées en compagnie de John Parish ? Peu importe, les couleurs peuvent être empruntées, elles coulent toujours de source quand L’Orchestre les assemble.

Les guitares grattent l’oreille, dissonent à propos, en contrepoint des derviches qui dansent sur les lamelles de bois percutées. Alors c’est Tom Waits qui met sa chaussure ailée dans l’embrasure de la porte. C’est un charme. Un vertige. On s’y arrêterait bien un moment, le temps d’une sieste. Le temps d’une gorgée d’eau fraîche. Mais soudain, Charles De Goal serre la main d’Albert Marcœur pour un instant de critique politique tout en élégance (Flux). Jubilation !

L’image illustrant le précédent album de l’OTPMD (Sauvage Formes, 2018) évoquait par un délicat collage les paysages brûlés de Nicolas de Staël. Celle de We’re OK. But we’re Lost Anyway se promène chez les conceptuels aux messages simples et profonds, tel Lawrence Weiner. C’est dire si Vincent Bertholet et les musiciennes et musiciens magnifiques qui l’entourent dépassent largement le cadre de la musique. Ils proposent une expérience humaine. La leur d’abord, ensuite celle qu’on voudra bien se donner la peine de vivre à leur exemple.

(Message personnel : Genève, je t’aime)




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