Dans les années 2000, j’ai - par hasard - assisté à un concert de Hot Chip, et le seul souvenir qui me vient à l’esprit est la réflexion sociologique de bas-étage qui m’avait traversé l’esprit : « Tiens, c’est la revanche des petits hommes ». En effet, les musiciens ne ressemblaient à rien, fringués comme des sacs, carrure de crevettes et charisme d’informaticien (vous remarquerez que cette apparence est désormais un « style » et une version « désirable » de l’Occidental : mou, binaire, faussement empathique, bienveillant – donc lâche –, idées étriquées mais grands principes, qui ne s’appliquent qu’aux autres) (son inverse, tout autant « désirable », étant le demeuré échappé d’une émission de télé-réalité, avec son gel dans les cheveux, sa junkfood, son Miami / Dubaï, ses tatouages et sa salle de sport), il y avait ce type à lunettes - Alexis Taylor - qui sautillait sur place et ça fonctionnait super bien, le public était bouillant et c’est ainsi que perdure Hot Chip, excellent groupe de scène dont les albums, jamais transcendants, sont - au mieux - bons
La Puce Chaude, menée par les amis d’enfance Joe Goddard et Alexis Taylor, est de retour avec un huitième album enregistré dans leur studio de l’Est londonien, co-produit par Soulwax et inspiré par l’énergie du « Sabotage » des Beastie Boys, que les Anglais reprennent en concert.
A l’instar de nombreux artistes qui, depuis des mois, s’expriment sur le sujet, on ne pourra échapper au storytelling geignard sur la crise sanitaire : « Ce disque, c’est l’histoire d’un groupe qui émerge d’une longue période d’hibernation et se retrouve confronté à un monde nouveau et terrifiant. » Dire qu’à une époque, chaque génération était confrontée à la guerre… au 21ème siècle, vous « privez » l’homme moderne de loisirs et de sociabilité, quelques semaines plus tard, le voilà en position fœtale, c’est franchement pathétique.
Le remède ? Back to the Studio 54 !!! « Down » donne le « la » dès les premières secondes de « Freakout/Release », durant lesquelles on se croirait sur la piste du mythique club new-yorkais, avant que déboule une énorme basse et que le disco-funk se mue en dance music, qui s’acidule sur « Eleanor » et son chant au phrasé proche d’un Calvin Harris, pas la meilleure référence mais c’est toujours mieux que les voix robotiques du franchement raté « Freakout/Release », tous tics de production datés inclus. « Broken » et son climat Pet Shop Boys martèle en vain son refrain, ce ne sera pas le tube espéré, trop banal, mais un constructeur automobile sera très certainement content de se l’offrir pour vanter les mérites de son véhicule écolo-inclusif. Avec « Not Alone », Hot Chip continue de creuser, on vire à l’immonde ballade électro RnB, mais je suppose que les millenials, nourris à Drake et aux saloperies soul synthétiques qu’ils se fadent en se croyant ouverts d’esprit, devraient trouver ça sensuel, grand bien leur fasse, aux mollusques. Hey, mais je suis en train de rédiger une review titre à titre, le genre de chronique que je déteste lire ! En plus, j’ai envie de jeter (virtuellement) le disque par la fenêtre, tellement il est mauvais ! C’est ringard, c’est plat, on s’ennuie, il n’y a aucun morceau mémorable. Je vais vous faire gagner du temps et de l’argent : ne vous embêtez pas, n’écoutez pas et n’achetez pas « Freakout/Release ». Hot Chip, jusqu’à preuve du contraire, ça se savoure nulle-part ailleurs qu’en concert. Album parfaitement dispensable, donc.