Parfois, à la suite d’une question que personne ne m’a posée, je m’aventure hors de ma tête et c’est rarement enthousiasmant : cet après-midi, tandis que je travaillais paisiblement, une petite voix a susurré à mon oreille : « Hey, au fait, c’est qui Taylor Swift ? ». Effectivement, je ne sais rien d’elle et encore moins de son univers musical, alors je me suis enquillé sur Netflix le concert final de son Reputation Stadium Tour de 2018, durant lequel, entre deux morceaux, elle explique à son public en délire qu’elle voit absolument tout le monde dans le stade à Dallas, même les prolétaires du fond qui brandissent en hurlant leurs téléphones portables. Oui, Taylor vous voit, les gars. Peut-être qu’à travers l’écran de télévision, Taylor me voit aussi. Au cas où, je lui ai balancé mon most valuable smile mais, au bout d’une heure et demi, j’ai craqué, sorry Taylor, et maintenant quelqu’un doit me nettoyer les neurones.

C’est là que Ghoster entre en scène, avec « Sombre Crame » : un bon gros shot d’instrumentaux , dont l’ambiance dark et puissante, oscillant entre techno à l’ancienne et électro clash punk, nous renvoie aux tabassages sonores vécus dans des bunkers et autres hangars désaffectés. Après un premier EP - « Fête Sombre » - paru en 2019, le duo francilien formé par Benjamin Nakache et Gregory Hoepffner est de retour et rend hommage, au travers des quatre titres énonçant au passage un programme électoral plutôt sain (« CRAME »), à ces fêtes qui durent tout la nuit et dépassent le jour et avalent la nuit suivante et nous laissent sur le carreau, ivres de sensations. Producteurs touche-à-tout, œuvrant dans la musique de jeux vidéos, de dessins animés et de spots publicitaires pour des marques de luxe, les Ghoster la nuit redeviennent des sales gosses. A chacun sa façon d’évacuer la Taylor Swift en nous : Ghoster claque un vigoureux « Sombre Crame » et moi, bah j’écoute « Sombre Crame ». Bien mieux qu’un psy, vraiment.