Les initiateurs de Hasselt reviennent avec un troisième album à la production ultra-maîtrisée et, avec Make (Less) Babies (Humus records / A tant rêver du roi), ils brouillent les pistes à la manière d’un Happy songs (f)or Happy People.
A la première écoute, on a l’impression d’avoir à faire à un joyeux bordel où Les Strokes de Julian Casablancas période Is This It (Not Awake (the baseballs)) seraient des adeptes des savants It It Anita (Make Less Babies) sous l’emprise d’un guide John Mc Crea écolo qui leur demanderaient de poster la photo de leur arbre dans la CAKE forest.
Une fois passé ce déluge de litanies toujours très (trop ?) déclamés par Tom Adriaenssens, force est de reconnaître que, la première impression pop digérée (Make Less Babies fait quand même furieusement de l’œil aux programmateurs radio), les Gurus excellent dans les structures et signatures sinueuses. Dans le sillage des lignes noise de Brent Mijnendonckx et des patterns jamais tout à fait droits et toujours inventifs de Siemon Theys, Tom de Bomb prêche la bonne parole sociale à qui saura l’entendre en laissant sciemment place à l’interprétation (Make Less Babies / Saint Tropez). La pop se fait alors intelligente, les guitares font de l’effet et, à la manière d’un Radiohead, la surprise est au coin de chaque morceau. On pense à l’outro ambient de Supply on Demand (sunshinin’ on my dinin’) ou au bridge « gospel » de In 2073 (plenty of other fish in the sea). Le walkman Hamilton Leithauser ne renierait certainement pas la ballade ultra sensible Oh me (I can’t complain), morceau qui arrive comme une sucrerie nostalgique après avoir reçu autant de suppliques. L’album s’achève sur le sublime Joke’s on you (under over) qui consacre finalement le post rock.
Alors, après tout, pourquoi ne pas voir the Guru Guru devenir universel ? Même s’il se loge facilement dans les oreilles profanes il aura au moins le mérite de prôner une musique clairvoyante qui bouscule les genres.