Nous nous posons de plus en plus la question de savoir où tout cela nous mène. Où allons-nous ? La direction est elle la bonne ? Cette projection vers le futur finie par nous éloigner de l’essentiel qui est de savoir qui nous sommes, de nous connaître nous-même, pour certainement mieux apprécier le chemin. Maiija, projet de l’Autrichienne Marilies Jagsch est une introspection poussée à son paroxysme, l’album étant composé de 11 chansons commençant par I Am, et suivis par Forever, A Nightmare, Consumed, An Echo, Love, Legion, Misguided, A Volcano, A Witness, Not Ready to let Go et Letting Go (album faisant suite à Obituary for a Lost Mind sorti en 2008t et From Ice to Water to Nothing sorti sur le label Asinella Records en 2010) 

Mais ici, on ne plonge pas avec un scalpel ou avec des outils devant autant aux travaux manuels d’un artisan, mais plutôt avec la délicatesse d’une danseuse étoile, qui voyagerait avec comme lumière unique une petite troupe de lucioles. Il en découle un disque foudroyant de beauté, faisant tenir les titres sur des lignes parfois infimes (I Am Misguided) les transcendent avec des arrangements aussi minimes que prodigieux (Les cordes et les synthés se parlent avec une délicatesse rare comme sur I Am Consumed). Impossible de ne pas penser aux fulgurances mélancoliques de Cat Power. Jamais monotone, jouant pourtant sur une ligne directrice quasi-unique, I Am transperce notre cœur et aère notre perception du monde si noir. Car si l’introspection n’a pas ici déterré des monstres, c’est par la lumière qui s’en dégage. La tristesse y est infinie, la mélancolie chevillée à la voix (le chant de Marilies est ce qui se fait de mieux avec ceux de Polly jean Harvey ou Billy Eillish.). Elle escalade les mêmes sommets que Jonathan Morali chez nous (comment ne pas penser au meilleur de Syd Matters sur I Am Forever) nous prenant aux tripes pour mieux nous recentrer sur nous-même. Elle est un cauchemar (I Am a Nightmare), mais pour les adeptes de la vulgarité contemporaine. Un retournement de trip sans ego. Magistral.