Quoi de mieux qu’un disque de shoegaze pour accueillir le retour momentané du soleil ? Quatrième album des new-yorkais de DIIV (prononcez dive, comme dans Slowdive), Frog In Boiling Water se veut le constat planant de la lente et irréversible dégradation socio-environnementale de nos conditions de vie, telle que métaphorisée par Daniel Quinn dans son roman The Story of B, publié en 1996. Il est probable qu’en filigrane Zachary Cole Smith et ses acolytes évoquent leurs propres difficultés (enregistrement chaotique, dissensions artistiques, relations distendues) et l’apaisement qui s’ensuivit, au travers de dix compositions en clair-obscur, rappelant curieusement le Midlake à bout de souffle de The Courage of Others. En effet, même si le cahier des charges shoegaze est rempli (chant monotone réverbéré, pâte sonore électrique, ponts instrumentaux, mélancolie en accords mineur), le quatuor de Brooklyn écrit bel et bien des pop songs, que nul mur du son ne gonfle artificiellement pour en compenser les faiblesses mélodiques, même si bien entendu l’influence de My Bloody Valentine (Brown Paper Bag) et Ride se fait sentir. Il y a que dans Frog In Boiling Water, l’on perçoit des réminiscences de Mogwai (In Amber), de The Smashing Pumpkins (Everyone Out), de Nirvana (les couplets de Somber The Drums) et de tout un pan du rock lo-fi 90s, de Slint à Stereolab (Frog In Boiling Water). Produit par Chris Coady (Beach House, The Drums, Islands), le nouvel album de DIIV ne vous arrachera pas les oreilles ni ne vous fera headbanger sur votre canapé Ours Polaire, mais par sa finesse, son élégance, sa patiente humilité, Frog In Boiling Water dispose de solides atouts (et atours) pour nourrir votre vague à l’âme, au moins jusqu’au retour du mauvais temps.