« Deux frères. Deux guitares. Deux TYRAN. Du blabla. Des machines. » Avec un programme pareil, forcément, on tend l’oreille. D’autant plus qu’au vu du peuple-je-te-dis-merde - suite à des élections européennes et législatives qui cet été largement plébiscitèrent le dégoût politique que lui et ses sbires hors-sol pouvaient inspirer – énoncé par notre sociopathe en chef (vite, faut que je câline des sportifs en sueur), on se dit que la tyrannie, c’est pas un truc réservé au passé ou à des pays exotiques. : nul n’est à l’abri. Mais quitte à se faire tyranniser, autant que ce soit par Les Frères Tyran, histrions électro punkoïdes hard-core noise à la frontalité assumée, mur du son distordu et beats en ligne droite, avec une pointe d’auto-dérision pour pimenter le tout. Depuis 2019, vrais frangiboules, Eric (Nantes, presque la Bretagne) et Thierry (Monts d’Arrée – si tu ne connais pas, grimpe et admire le panorama, ça vaut le coup, surtout quand tu dois cuver une nuit blanche), en sont à leur troisième album, dont l’intitulé claque comme un drapeau corsaire en plein mauvais vent : Toutatac. Soit dix titres furibards aux guitares striées, dont les textures convoquent tout autant Les Thugs que la musique celtique, le math rock ou le kraut, portés par un chanté / parlé / hurlé / voix trafiquée déterminé à enfoncer les portes et des samples et des sons synthétiques improbables : Les Frères Tyran ne s’interdisent rien, jetez une oreille à l’improbable crossover Bouton Panik, vous m’en direz des nouvelles. Et l’intro de Suspect 8083 ! Et la fièvre d’Atomixeur ! Et la new wave nu metal de Rozenn La Rouge ! Pas besoin d’attendre le conclusif Le Tribunal pour juger Les Frères Tyran : à la suite d’une plainte déposée par le rock hexagonal mou du genou, Eric et Thierry sont déclarés coupables d’atteinte au ronronnement miam-miam soja et condamnés à des travaux d’intérêt général, qui consistent à jouer au Cirque Électrique, m’y inviter (j’habite à dix minutes à pied) et me payer un max de pintes de bières. Signé : the judge of rock’n roll.