Olga, où que tu sois, même si je suis pour le bonheur des gens, ne te manifestes pas. Tu peux laisser Alexandre Delano avec ton absence, qu’il continue à chercher, la quête lui va si bien. Alexandre Delano (Alexandre Rochon pour l’état-civil) c’est un ex Delano Orchestra (Le Mauvais Œil est réinterprété sur ce nouvel opus) hébergé par le génial label kütu Folk Records et ses pochettes cousues main, dont l’un des faits d’armes aura été de croiser la plume avec le regretté Jean-Louis Murat, le temps d’un album comme un emblème, un adoubement par le premier d’entre eux.
Depuis Alexandre vole de ses propres ailes. Nous le croiserons ici en 2021 via son album Ven Ven Ven paru chez Bleu Nuit, il nous offrira d’ailleurs un titre pour le Volume 56 de nos compilations. C’est avec gourmandise que j’ai plongé dans ce La nuit Des Couleuvres, recherchant peut être bien malgré moi des signes de vie du JLM qui nous a lâchement quitté alors qu’il devenait depuis longtemps impossible de vivre sans. C’est donc moi à la recherche de JLM qui écoutais Alexandre Delano à la recherche d’une certaine Olga.
Entre ces petites notes électroniques, sorte de mélange de Jacno pour les bip Superflu pour le flow, le French Cowboy de You Wanna Sing sur Rodéo, et Thousand sur Blue Moon que ce soit dans le phrasé ou dans le refrain chanté par une femme (Samantha Julien également préposée à la batterie), les traces de JLM se font par une encre sympathique, comme les lettres d’Olga se recouvrent d’un parfum aux traces subtiles. L’album nous caresse sans jamais nous hérisser le poil, magnant la mélancolie avec maestria, distillant également une forme de perfidie (humour) douce-amère (Les Radios Françaises qui rejoint Bruit Noir et Mustang dans la thématique) comme un clin d’œil au maître auvergnat.
Disque parfait pour un matin brumeux (Entre Chiens et Loups), quand il est temps d’arpenter les chemins à l’humus exhausteur de senteur, un pull chaud d’une taille supérieure en guise de barrière contre le froid, à la recherche de l’amour fou (celui de Paloma Rochon sur le poème Les Paupières de Lune n’est il pas le plus beau ?). Comme un lien jamais défait, mais à ne pas enrouler autour de son cou (Le Dernier Conclave), Alexandre Delano s’extirpe de la roue du meneur défunt, pour signer un disque tout aussi personnel qu’ancrée dans ce que nous aimons le plus, la mélancolie chaude sur des mélodies imparables. Sur une tour de Babel après le déluge des absences.