Quel musicien attendri (ou, soyons lucides, agacé) n’a-t-il pas improvisé des berceuses au-dessus du lit d’un nouveau-né ? Enregistré dans la pièce jouxtant la chambre de sa fille, le huitième album de la prolifique Laura Marling en serait la version deluxe : acoustique chaleureuse, ornementations luxurieuses, vocalises intimistes, sans oublier le souffle, les grésillements, les grincements – les doux frémissements. Lauréate d’un Brit Award en 2011, la chanteuse folk délivre avec Patterns in Repeat un opus très personnel, lumineux et quiet. D’une délicatesse absolue, les onze compositions de ce nouvel opus oscillent entre ballades et berceuses, construites autour de simples progressions d’accords à la guitare ou au piano, épurées et / ou finement orchestrées, voire muettes – l’étonnant instrumental baroque Interlude (Time Passages). Il faudrait avoir un cœur de pierre pour résister à Lullaby (avec des vrais rires de bébé dedans) ou à la rengaine No One’s Going To Love You Like I Can et son clavier arpégé : ah, l’inflexion mélodique à l’issue de la première minute, magnifique. Quitte à évoquer la famille, l’Anglaise reprend le Looking Back de son père, aka Sir Charles William Somerset Marling, session man et propriétaire d’un studio d’enregistrement, qui lui fit découvrir Neil Young et lui offrit sa première guitare électrique, une Gibson ES-335. Ceci dit, point d’électricité sur ce Patterns in Repeat, qui lorgne plutôt du côté de Nick Drake, notamment dans l’écriture des arrangements. Si l’on est sensible à ce genre de registre, sommet ; pour les autres, un bon petit dodo vous attend.