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A l’écoute du premier album de cette formation québécoise, j’avoue sans détour être tombé totalement amoureux de cette voix atmosphérique et éraillée, semblant nous parvenir d’un épais brouillard, à l’aube d’une journée indécise… En effet, leur premier exercice portant le nom de « Tantale » sonnait déjà pour moi comme une révélation, une nouvelle vague, un vent rafraichissant la chanson francophone. Autant dire que mes attentes étaient élevées au moment d’entamer les premières secondes de ce nouvel opus, mais très rapidement, je découvrais que le charme opérait toujours ; comme une foi inébranlable envers ce son vaporeux et rempli de croyances et de magie…

Ainsi, Monogrenade est de retour avec ce brillant et touchant « Composite ». Un nouveau chapitre à ce conte enchanteur que les canadiens semblent nous délivrer avec une sincérité et une véritable passion communicative, notamment sur scène. Dès l’introduction par le titre « Portail », l’on comprend qu’une nouvelle fois le travail des québécois s’est concentré sur un habillage aux acoustiques parfaites digne d’un défilé haute-couture. La perfection semble venir de l’apparente maîtrise multi-instrumentale de ce groupe d’artistes si complémentaires : tour à tour, les cuivres et claviers viennent se marier aux cordes dans une harmonie tout bonnement addictive. Comme en témoigne le visuel de l’album, ces joyeux messagers venant du froid viennent en amis, et cette fois-ci dans le but avoué de nous transporter dans les profondeurs de l’espace. Mission accomplie ! Le son aux traitements électroniques savamment dosés ainsi que cette voix, limpide et lointaine, susurrée et semblant désespérément s’accrocher à la permanence d’un écho au milieu de l’hyper-espace, nous décollent littéralement du sol et nous entrainent dans un tourbillon émotionnel. En effet, la voix est pour moi l’un des gros points forts de ce projet tant celle-ci semble habitée ; un chant dans la langue de Molière, mais avec cette résonnance électronique et cet accent qui fait définitivement la différence.

Le mariage des styles est aussi à l’honneur, et comment ne pas saluer de réels talents de chefs d’orchestre à l’écoute notamment de l’ultime morceau du disque, « Le Fantôme », sublime et mystérieuse ballade aux accents classiques et à la composition impressionnants de justesse et de technique.

Il est certain qu’avec ce nouvel exercice, nos amis québécois vont encore agrandir leur communauté de fans français et à vrai dire, c’est totalement mérité. Effectivement, ils ont parfaitement su prendre le bon virage pour leur deuxième album et conservé cette spontanéité, cette réalité dans leur musique. Qu’il fait bon d’entendre des musiciens dans un exercice aussi reposant et à la beauté incomparable… Pour en apprécier chaque nuance et chaque dégradé, il faut certainement accepter ce voyage, se laisser guider et alors apparaissent clairement des images ; une dimension cinématographique, provenant sûrement de textes si biens choisis et des réels talents de conteur de Jean-Michel Pigeon, leader de l’ensemble et artiste au talent grandissant.

En définitive, il est clair que Monogrenade, c’est une autre façon d’aborder la chanson française… ou disons plutôt « francophone » et un très bon moyen de rafraîchir et de renouveler le genre. Une vue rêvée, nous prouvant que la pop dans cette langue que nous partageons avec ces lointains cousins, est parfaitement possible, à condition de travailler, de façonner chacun de ses mots : c’est sûrement cela que l’on appelle « poésie ». Bref je vous conseille grandement ce voyage au Québec et je suis sûr que cet album magnifique deviendra l’une de vos écoutes privilégiées de cette fin d’hiver.




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