Six ans d’absence, c’est long pour un amoureux. Depuis son superbe « Toystore » (2008), Coralie Clément avait effectivement disparu des radars. Elle nous manquait d’autant plus que ses trois premiers albums ne cessaient de ponctuellement revenir sur nos platines, comme un élixir, le chant d’une sirène ou la promesse d’une étreinte toujours renouvelée. En fait, banalement, la belle Coralie était devenue maman. Un retrait musical qui trouve la résurrection rêvée ; et pour cause : « La Belle Affaire » est peut-être à ce jour son plus beau disque, son plus intime, son plus...
Fait d’importance : le frangin Benjamin, pour la première fois, ne participe ni à l’écriture ni à la production. Une (fausse) rupture qui conduit Coralie Clément à ici dévoiler les textes qu’elle écrit depuis toujours ; des textes qu’elle conservait pour soi, par pudeur et crainte de ne pouvoir se hisser à la hauteur de son pygmalion (inconscient). Et c’est peu dire que notre « Reine des Pommes » (le hit Chamfort/Duvall/Lio qu’elle s’appropria sur son album précédent) se révèle parolière d’envergure ! « La Belle Affaire » ne comporte que des mots plombés, des souvenirs et des regrets. Pourtant, Coralie ne tombe jamais dans l’insistante mélancolie ou l’obligatoire résignation. Il ne s’agit que de constats, d’évidences quotidiennes, de petites coupures qui n’empêchent jamais de garder espoir comme soif de toi. Autant-dire que les mots de Coralie (fantasmés ou autobiographiques ? Qu’importe) entrelacent l’auditeur et le plongent dans le plus agréable des songes éveillés. Il faut également à nouveau dire à quel point cette voix est d’une pureté, d’une douceur contagieuse. Un chant qui enveloppe d’un écrin romantique, apaisant, la dureté des sentiments partagés…
Musicalement, Coralie Clément, en collaboration avec Thomas Coeuriot à la réalisation, navigue dans un espace de libertés lui permettant d’exhausser toutes ses envies. Car si la tonalité globale de « La Belle Affaire » se rapproche beaucoup du Gainsbourg 60’s et de Françoise Hardy (dont Coralie reprend « Mon Amie la Rose » - ainsi que Depeche Mode en bonus), l’album prend des ouvertures rockabilly (« Eléphant Noir »), s’aventure dans le reggae (« Sur mes Yeux ») ou déniche d’inoubliables ritournelles pop (« Tes Nuits Pâles », « La Belle Affaire »). Arrangements raffinés, mélodies complexes, production spacieuse : haute classe !
Six ans d’absence, six ans d’attentes… Coralie, s’il s’agit du prix à payer pour une telle qualité, alors tu es pardonnée (haut la main).