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Quand donc la France prendra-t-elle en considération la pop cybernétique de la suédoise Robyn ? Moins calculatrice que Madonna, beaucoup plus alien que Katy Perry, Robyn ne cesse de surprendre depuis le milieu des années 90 (et plus particulièrement chez nous à partir de son album éponyme de 2007). La superstar navigue effectivement à contre-courant de la facilité stratégique comme de l’omniprésence médiatique. Ainsi, depuis la trilogie « Body Talk » parue en 2010 (et le tube « Call Your Girlfriend », seul titre plus ou moins acclamé de Robyn en France – en partie grâce à Nico Prat), cette musicienne fortiche non seulement espace chacune de ses nouvelles sorties mais, bizarrerie gonflée, ne s’en remet dorénavant qu’au format mini-album. Il fallut, par exemple, attendre quatre années pour que celle-ci réinvestisse le dancefloor, en 2014, via une somptueuse collaboration avec ses confrères Röyksopp (le cinq tracks « Do It Again ») – là où beaucoup aurait persévéré dans une pop goulûment accessible sur format long. Robyn est une anomalie bardée de génie…

En 2015, toujours pas de « véritable » nouvel LP en prévision ; mais au moins l’attente n’aura guère excédé les douze mois. Depuis peu rétive à toute idée solo, Robyn s’associe aujourd’hui à la formation La Bagatelle Magique (un duo constitué de son claviériste Markus Jägerstedt et de son producteur et DJ Christian « 7 Seconds » Falk)…

En juillet 2014, Christian Falk décédait d’un cancer du pancréas. Ce qui change radicalement l’écoute de « Love is Free » : imprévu, ce mini-album ressemble à un hommage de Robyn à l’un de ses amis et collaborateurs attentionnés. Rien de pourtant mortuaire dans ces quatre titres explosifs et tubesques : à la torpeur, Robyn préfère l’hédonisme malin et le souvenir clubbing.

« Love is Free » est peut-être ce que Robyn a enregistré de plus immédiat et festif depuis le single « Dancing on my Own ». Difficilement classifiable, ce maelström musical fait s’entrecroiser acid house, funk, dance et électro-pop. Sauf qu’ici, chaque genre vampirise l’autre ; chaque inclinaison de production ne se fait jamais au dépend d’une autre. Album mutant, furieusement grandiose, comme une rencontre entre « Buffalo Stance », « Step On », « Upside Down » et « Around the World »… Pour tout dire, si l’écoute à haut volume charrie un tel enthousiasme qu’il est impossible de ne pas réenclencher la touche « replay » trois fois d’affilée, c’est au casque que se révèlent toutes les subtilités de mix : samples, xylophone, vocoder, kick et chant dévoilent un monstrueux travail de superpositions, de spacieux nivellements sonores qui devraient titiller l’inspiration d’un Nile Rodgers (dont Christian Falk est un légitime descendant)… Alors oui, en effet, pourquoi la France, cette fois-ci, ne tomberait-elle pas enfin amoureuse de Robyn ?




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