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Le post rock est un pays à l’histoire bien fournie, tellement fournie d’ailleurs qu’il se repose souvent sur ses acquis, régissant ses départements comme autant de terrains liés au patrimoine national. Depuis quelques temps il s’ennuie même, trop replié sur lui-même, et ne cherche même pas à ouvrir ses frontières à des pays voisins. Comme c’est souvent le cas, le pays se dépeuple, les cerveaux s’encanaillent ailleurs, et il reste comme unique fierté des gens rapidement ennuyeux et bègues, faisant de ce pays un abîme à retraités sans disque dure. Absinthe provisoire fait parti de ce pays en temps que gens du voyage, formant avec leur carnet de route une peuplade non rattachée à une entité unique, réalisant un puzzle pluriculturel, tout en gardant sa nationalité. Au grès de leurs voyages, ils ont même appris l’humour (souvent banni dans ce pays) illustrant de leurs suites de notes, tout au long de vingt-cinq minutes, l’histoire mouvementé d’un couple, chef d’une ville des anciens pays (ceux du lieu de naissance), jean et xavière. Période calme contre période de soubresauts violents, et toujours en adéquation avec ce désir de changer d’ère mais pas de lieu. Puis c’est une ambition plus pop, une rythmique au bord de l’essoufflement se ressource le temps de la bravade des cordes en basse fréquence (Ennio) On se demande bien là si l’on écoute de la musique difficile ou l’hymne d’un groupe constitué, roulant les tambours de la guerre à venir, filmée par moricone. Puis ce sera l’absence de ligne directrice qui se fera méthode parlementaire (Do bémol en si majeur). On voltige dans l’air. Absinthe égraine les temps touchés par la grâce, les démultipliant sans aucun infini, pour ne pas se faire brocarder de surproduction anormale. Proche de ce que peut faire Gybe, absinthe provisoire réalise là une leçon de peinture musicale sur un morceau de nappe de dissonance en bordure de la table. Après la voltige l’exploration en suivant les courants. A la lisière entre le post rock et la pop raffinée sans les bonnes manières, internalité du sujet déforeste et sent le poids du passé dans un mystère de voix. On touche dans ces moments-là au sublime. Et l’humour de reprendre le dessus, comme nique à un manque certains dans le voisinage. Hymne beauf dans un passé qui se fait encore présent, la danse des canards est là juste pour le clin d’œil et le contre-pied. Pas de danse, pas de canard, pas de secouage de bas des reins, juste une montée plus traditionnelle dans ces contrés. Pour finir, un french chocolate, pas fondant pour autant, pas sucré non plus, cette spécialité tricolore est un met sur lequel absinthe plante son étendard dans une frénésie de son à la recherche d’un chemin vierge. Une absinthe que l’on voudrait perpétuelle, un disque avec un grand D comme dans décapant.

Hydrophonics




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