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On rentre dans l’album de BBH par de douces sonorités synthétiques. Au bout d’une trentaine de secondes, l’identité de son auteur se révèle : le son est vif et précis, la voix en français est posée et oscille entre spoken-word et chant. BBH décline alors des vignettes captivantes qui décrivent des expériences réalistes ou imaginées : de la vie de taxi misanthrope, au récit de fantasmes métropolitains.

Au jeu des influences, Alex Wallon – l’homme derrière BBH, l’un des nombreux projets qu’il incarne – glisse sur la pop de Daho (« Sensations »), côtoie l’élégance de Chevalrex (« Champion »), chatouille l’art de l’auto-biographie projetée du Manque (« Le silence des machines », « Mécanique ») et s’empare à pleine mains du réel avec Le Flegmatic (« Taxi »).

On pourrait regretter le recours un peu systématique à des boucles électroniques qui fige les morceaux dans un carcan un peu froid. Ce serait passer à côté du relief musical apporté par l’intelligence d’un riff de guitare, souligné par des chœurs accrocheurs (« Ce jour ») ou mise en évidence par la subtilité des constructions harmoniques (« L’instant d’après »).

Concluons ainsi sur ce titre « L’instant d’après » qui est particulièrement attachant. Une musique épurée et juste, un texte abstrait mais qui résonne chez l’auditeur : « Dehors, le vacarme, moi je sèche mes larmes…/… j’irai parler aux oiseaux. Que voyez-vous là-haut ? .../… si le vent me portait au-delà du boulevard ». « Contre Courant Induit » mérite grandement que l’on se laisse porter dans la plongée intérieure organisée par son auteur.