Au-delà des années, au-delà même de l’âge des auditeurs, l’ex Superflu Nicolas Falez incarne toujours cette petite voix du cœur qui nous ferait croire au bonheur. Les anciens fanatiques de toute cette mouvance french pop issue de la fin des années 80 et début 90’s (Married Monk, Little Rabbits, ou donc Superflu) pourraient se la jouer plus adultes qu’ils ne prétendent l’être, et ainsi passer à côté des petits bijoux finement ciselés que leur propose aujourd’hui le nouvel album de Fontaine Wallace (trois ans après une première salve pop qui nous procura grand sortilège).

Rien n’a pourtant beaucoup changé entre le précédent Fontaine Wallace et ce Projet, mais c’est précisément pourquoi il y fait bon vivre : mélodies accueillantes, équilibre soyeux entre chaque instrument, ambiance douce-amère génératrice d’un abandon actuellement recherché par le récepteur, refrains à fredonner en boucle (Le Projet et La Chanson d’amour cachée, ouverture parfaite), sans parler du chant réconfortant et suave de Nicolas (de plus en plus Murat sur certains titres).

Musique qui dialogue avec les adolescents que nous fûmes mais qui conserve heureusement un pied dans la contemporanéité. Non pas dans une idée de « grands messages à transmettre » (guère le genre de Nicolas Falez) ni même dans une tentative de saisir une certaine ambiance actuelle (ce qui serait déjà bien, mais les mots du compositeur se méfient de l’identification facile) : Fontaine Wallace hume l’époque par inadvertance tant les confessions feutrées de Nicolas ressemblent, de près ou de loin (souvent de près), à cette paisible résignation que l’on peut dorénavant ressentir ou observer au sein de la génération Superflu (« Et puis après on verra bien » aurait pu servir de titre à cet album). Une douceur de l’acceptation qui rapprocherait les ouvrages de Fontaine Wallace de certains films de Christophe Honoré (entre Les Chansons d’amour et La Chanson d’amour cachée, le lien est consanguin).