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La Jungle c’est cet OVNI sonore (forcément belge) qui réconcilie les fans de musiques électroniques hardcore et les inconditionnels du rock à grosses guitares bien baveuses… En 2019 cette hydre à deux têtes avait mis tout le monde d’accord sur le dancefloor avec l’album Past//Middle Age//Future qui faisait office de nouvelle drogue diablement efficace pour les gens qui voulaient frénétiquement secouer la tête d’avant en arrière pendant ¾ d’heure non-stop sans risque de mauvais bad trip !

A l’annonce de la parution d’Ephemereal Feast, notamment sur le bien-aimé label A tant rêvé du roi, je n’avais qu’une hâte : enfiler un casque et chevaucher à nouveau ce bolide pour s’élancer sur un nouveau circuit à faire pâlir de jalousie les héros sous LSD de Mario Kart !

La minute d’ouverture d’Intruder, telle la phase d’accordage d’un orchestre symphonique, permet de se rassurer, tous les ingrédients magiques sont encore là… La caisse claire ultra-tendue ne demande qu’à se faire marteler sauvagement, la guitare rythmique sursaturée ronronne et caracole dans le fond et les lignes mélodiques répétitives et tranchantes dodelinent tranquillement jusqu’à la ligne de départ du champ de course.

« 4, 3, 2, 1, Gooooo !!! » La course démarre enfin sur une ligne droite mid-tempo, à la batterie faussement sautillante et aux guitares dissonantes implacables et directement entêtantes. Parfait pour jauger les conditions de conduite du jour ! Très rapidement, le tout est rejoint par une voix qui répète inlassablement un étrange mantra désarticulé. Hallow love m’évoque le tube génial du groupe post punk Girl Band Why They Hide Their Bodies Under My Garage ? qui dans son clip faisait danser les morts dans une morgue (et qui comblait déjà le pont avec l’électro, étant une reprise d’un morceau techno du groupe Blawan…). Ne reculant devant rien le paroxysme jouissif est atteint au moment où l’ensemble vire à l’acide et où des voix vicieuses de trolls suraiguës percent le mix avec la malice de la makina eurodance transpyrénéenne des années 90.

Le ton de la course est donné, et, sans transition, Rivari débute pour 6 minutes de chaos halluciné et hallucinant. La batterie, bien que particulièrement bavarde est impeccablement en place et l’auditeur sans défenses a intérêt à avoir des amortisseurs solides, tant son martellement frénétique donne envie de se trémousser en tous sens. Un tube impeccable, de la première moitié incandescente beuglée jusqu’à la longue phase instrumentale cold et son chœur hommage à peine voilé au Blue Monday de New Order qui se termine dans un feu d’artifice de reverb à l’odeur de poudre et de pneus brulés !

C’est maintenant le moment d’attacher sa ceinture pour les imprudents qui auraient encore omis de le faire, le duo de chauffard se lance avec No Eye dans un looping plein gaz et sans les mains ; et tant pis pour le code de la route et les bases du solfège ! Avec ses huit bras, le batteur extraterrestre semble vouloir tout tenter pour couvrir le déluge de guitares de son coéquipier qui ne se laissera bien évidemment pas faire… Rien à redire avec les deux morceaux suivants Another look to the woman in the gloom et Couleur calcium qui s’inscrivent à la perfection dans cette espèce de techno minimale à guitares hard, synthés acides et batteries syncopées, style inventé et maitrisé à merveille par le groupe.

L’ensemble est tout de même plus dark que le précédent album… Et cela se confirme dans la noirceur d’une piste comme De Verna, aussi sombre que la fumée du pot d’échappement d’un monster truck qui n’aurait pas réussi son contrôle technique… Entre le chant susurré, les chœurs grégoriens étranges, le palm-mute omniprésent de la guitare et les impacts ultras mats des toms, une étrange trance savamment dosée et spatialisée se met progressivement en place jusqu’à l’arrivée d’une ligne de synthés étonnamment 80’s.

Et pour finir ce Grand Prix quoi de mieux qu’un hypnotique générique Krautrock de 9 min 38 ? Le très mélodique WCCLD clôt ainsi le disque en prenant délicieusement son temps, comme si le moment était déjà venu de se repasser les meilleurs crashs et sorties de pistes de la course au ralentit tout en dégustant un bon cornet de frites à l’huile de moteur…




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