"Broken letters" est le premier album autoproduit de Mathias Durand, sa formation porte son nom pour le moment, mais pourrait s’appeller : "love three" ( jeu de mot autour des 3 M que j’ai inventé ), Maxime l’accompagne à la flute traversière, et Maï à la clarinette, Charlie se charge des percus.
Mathias est un surdoué, autant comme guitariste que comme songwriter, sous sa longue chevelure blonde, se cache un visage d’ange d’où s’échappe une voix pure et sensible dans un univers musical froid, mélancolique et émouvant comme l’est celui d’Antony Hegarty. Les mélodies sont exquises, empruntes de vérité émotionnelle, comme des lettres d’amour oubliées au fond d’un tiroir, elles resurgissent du passé pour nous emporter en dehors du temps, dans un pays de songes. L’écriture de ces lettres provient des rêves qu’aurait fait Mathias, qu’il aurait couché sur papier afin de les capturer, la gorge nouée, les mains moites, dans un réveil tragique où la mémoire s’évapore comme l’eau qui boue.
Ces lettres sont autant de mélodies que sa voix transcende et que ses doigts dictent aux cordes de sa guitare comme une partition d’un conte virtuose. Sur "twice a year", au goût de flamenco, il réussi à coupler le rythme hispanique à son "unhiver", désinhibant un solo de guitare électrique en hommage à Santana. "Byyoung", sa voix se dénude fragile comme une branche amusée par le vent, on a envie de le rassurer et de le protéger des mauvais courants. "Goobye my lord", bijou vintage, vielle boîte à musique argentée délivrant une danseuse tournant sur elle même tend vers une orchestration plus complexe, mais est inachevée, pas facile de faire comme Sigur Ros... "As an évidence" est un morceau qui sanctifie, enveloppé dans un voile saint, il rend immortel.. "Rain of may", comme un épais nuage de pluie percé par un rayon de soleil, la voix jazz et puissante d’ Emilie Satt, vient en soutient de celle de Mathias, le duo est divin et confondant, à la fin de cette sublime averse, le silence est assourdissant. "wolves" au milieu d’un désert aride, seul comme un loup des steppes, Mathias est en transe, son chant s’enrage, et la musique part en expérimentation mystique, il finit par hurler comme Simon Finn sur "jerusalem".
Mathias est le nouveau messie de la folk en france.