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Je n’ai jamais caché mon admiration pour le triumvirat Interpol - Editors -White lies, j’en suis fils autant que frère, fiel pèlerin de chaque étape, et je vous assure que mes oreilles frémissent à l’écoute de leur premier son. Du haut de leurs petites tours car jamais ils ne seront les dinosaures ni les géants de la musique, ils surveillent que les émotions ne soient jamais bafouées par trop de FM banquières, sans renier les économies, ni trop de riffs monstrueux, sans renier le bon vieux rock, et aident nos mémoires a ne pas oublier les embruns de eighties obscurs qui nous soulevaient la peau et la séparaient de nos os. Ces groupes ont toujours sur eux l’idée de décadence, et s’effrayent toujours de faire pire qu’avant, de frein a main, d’où va-t-on maintenant, mais sont capables de renaitre en brillances étranges et opus puissants. Editors, après un passage vers les câbles électriques et sentiments technologiques qui auront déplus a tous (moins moi) mais n’auront occasionné la retraite de ses cohortes, reviennent a la fougue des cordes et aux épiques rages, et Tom Smith de retrouver les sensations perdues d’une âme chavirée (mais pas plus de falsetes, quelle magnifique voix quand elle ne ment pas, quand elle ne joue ni les Bono féminins, ni les Springsteen spleeniens). Et, mis part « what is this thing called love », véritable ratage (les a-t-on obliges à jouer a Richard Marx ?), ce nouveau disque revient me triturer l’arrière crâne, égratigner l’échine jusqu’à la matrice des sentiments.

Parce que j’aime ces mélodies complètes, grandiloquentes, impériales jusqu’au baroquisme, j’aime que chaque chanson soit un combat d’amour a mort, sans pardon ni reddition. En étant sincère, ce poids de l’amour pourrait être lourd pour certains, mais je suis aveugle, et avec plaisir de cette cécité, parfois incapable d’être objectif (mais pour cela je vous oblige ou demande d’écouter). J’aime ces peines si pleines, si bien contées d’une détresse a un naufrage, où les orchestrations remplissent l’air d’amertumes capables d’illuminer les plus noirs des nuages, où les guitares , véritables murs, servent de fusils pour que la voix fasse mouche sur les moment adéquat de nos vies, ces « nothing » terriblement pénétrant. Editors revient sur la route (celle de McCarthy pour l’ambiance) dans des sons plus organiques, une tonalité peut être un peu plus forcée, un besoin de s’arrêter et regarder un instant quelle route prendre, un album de pause, sans grandes génialités, ni grandes poésies, mais avec cette touche puissante, ce son guerrier et romantique qui réveille le sang des veines et nous bouge des trônes. Non, j’avoue, ce ne sera pas le plus bel opus, ni le plus immortel, mais il n’est pas non plus une déception, un album qui nous attire parce qu’il promet un autre, une révolte, parce qu’il provoque l’attente, et qu’il est simplement bon a écouter, fort, rockeur, et bien produit, demain sera un autre jour. Je reste fidèle, c’est ma voie.