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Que cherche donc à se prouver Brett Anderson en réactivant Suede pour un neuvième album qui bombe le torse et transpire l’envie d’en découdre ? Ne détient-il pas déjà tout ce qu’une formation anglaise acclamée durant les 90’s souhaiterait aujourd’hui convoiter ? À savoir une reconnaissance unanime, une longévité acclamée, nombreuses louanges s’accordant toutes à souligner l’évolution vocale du chanteur-leader (comme Bowie et Morrissey au fil de leurs discographies respectives, la voix de Brett Anderson s’est considérablement étoffée avec le temps)…

Pourtant, Autofiction, loin des précédentes sorties du groupe, exclut le moindre signe de fragilité ou de position équivoque. Disque expressément rock, limite rouleau compresseur, ce nouveau Suede affiche d’emblée les atours de la victoire par KO, voire du combat truqué d’avance. Rarement un album de Suede n’avait effectivement sonné aussi vindicatif, aussi confiant dans ses effets comme dans son refus de séparer le bon grain de l’ivraie : grattes punk / glam / FM, refrains-massues laissant derrière eux un effet de surplomb, production opératique que n’aurait peut-être pas reniée les membres de Queen. On pense parfois au C’mon Kids des Boo Radleys pour cette volonté de s’imposer un quadruple saut en hauteur, mais sans la déraison ni le jusqu’au-boutisme frappadingue de Martin Carr. C’est qu’inversement au disque des Liverpuldiens, Autofiction est une œuvre qui cherche à s’attiser l’unanimité, qui hurle son besoin de conquête et n’entend pas, mais alors clairement pas, rater l’étape du triomphe aussi bien critique que commercial – du reste, on se demande qui Suede intéresse-t-il aujourd’hui sinon ses fans originels ?

Album qui se voudrait incritiquable, Autofiction ne peut évidemment laisser indifférent, de même qu’il détient en lui tous les arguments nécessaires afin de contrer l’opposition – en particulier la voix de Brett Anderson, majestueuse dans chaque registre, et certains riffs qui tabassent le cerveau jusqu’à rendre exsangue l’auditeur. Pas sûr néanmoins que l’album, dans son sprint pour la jeunesse éternelle, ne finisse à la longue par donner l’impression de finir sur les rotules – et nous avec. Caramel dur.




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