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Paradoxe, mais la musique qui m’allège et me soigne depuis que je suis petit, je l’ai délaissée comme jamais cette année qui reste la pire année de ma vie, celle du départ définitif, celle du cauchemar devenu réalité. Elle a été là pour me réconforter, mais avant tout celle de mes disques adorés, laissant les nouveautés attendre dans la salle d’attente de ma reprise en main. Ce sont donc quinze albums que je vous propose et rien de plus, les chansons de mon année étant ancrée dans mon passé, alors que ce bilan est tourné vers le présent, même si celui ci j’ai la faiblesse de le maudire. Quinze albums comme les béquilles pour me tenir debout et qui m’aideront encore et encore dans le futur, car sans la musique, la maladie serait fatale.

Aucun morceau, enfin si une centaine, ceux de Low, en espérant que Mimi croisera et consolera celle qui me manque.

Vivement 2023

1/ The John-Pauls “Bon Mots” (Aagoo Records)

« « Bon Mots » n’est ni un grand disque, ni un chef d’œuvre, mais il est plus que ça, car jamais nous nous sentons écrasés, bien au contraire, nous sommes aimantés, utilisant l’étymologie même du mot. The John-Pauls ou l’incapacité de nous décevoir, Best band of the world. »

2/ Michel Cloup “Backflip au​-​dessus du chaos” (Ici d’Ailleurs)

« C’est en se replongeant dans son passé, dans une naïveté sage mais libérée, que Michel Cloup signe son album le plus percutant et le plus ouvert, immédiat et profond. Il nous ouvre les yeux pour commencer et nous quitte sur une introduction, celle de la « Bank Generation » comme pour remettre des épices, mettre du carburant inflammable dans le bolide de Michel Cloup, acrobate sensible et rageur. Époustouflant. »

3/ Mim “L’Amour au Mille Parfum” (A1000P)

« Mordu (pas le « Vampire » ?), tatoué, je vais remonter, quitter ma solitude, rejoindre ma communauté familiale, me disant qu’il faudra convaincre, car quand un artiste vous souhaite la « Bienvenue » (titre d’ouverture épatant et touchant) c’est que sous les à priori que vous pouvez mettre, il faut chercher une forme de bienveillance (ici artistique) qui ne pourra que nous faire fondre. Ne restons pas seuls, venons tous contre Mim et Charléne Darling. »

4/ The Smile “A Light for Attracting Attention” (XL Recordings)

« si vous rêviez d’un album de Radiohead minimal mais groovy, direct mais mystérieux (comme le sourire du chat d’Alice au Pays des merveilles), cet album est pour vous, pour nous »

5 /Panda Bear & Sonic Boom “Reset” (Domino/Sony Music)

« II sera temps alors de se quitter sur le barré et synthétique « Everythning’s Been Leading To This », entremêlement et conclusion éclatante d’un disque à la fraîcheur rare, une perle irradiante dans la morosité ambiante. Mon cœur de gros panda fait boum. »

6/ Honey For Petzi “Observations + Descriptions” (Two Gentlemen / Kuroneko)

« Avec ce disque, Honey For Petzi aura définitivement sa place dans le Panthéon de cette année terrible, comme une bouffée d’air frais, un moment que nous pourrons regarder encore et encore pour en parler de mieux en mieux. Épatant. »

7/ Dominique A “Le Monde Réel” (Cinq 7)

« Pas tout à fait seul (délicate note d’attention pour que « Au Bord de la Mer Sous La Pluie » ne soit pas prise pour une chanson autobiographique), Dominique A trace un sillon qui s’éloigne de plus en plus de ses contemporains, s’interrogeant sur le monde tout en quittant celui de ses chanteurs qui ne sont pas tous des amis. Un pied dans l’irréel, une classe d’avance....la classe A. »

8/ Porridge Radio “Waterslide, Diving Board, Ladder To The Sky” (Secretly Canadian)

« « Waterslide, Diving Board, Ladder To The Sky » nouvel album de Porridge Radio nous démontre qu’il est encore possible de faire de grandes chansons en se privant des économies dans l’émotion, qu’il est encore possible en mettant tout sur la table, sans filtre ni concession avec la niaiserie, d’écrire de grandes chansons et au final un grand album. Au final merci J.D. pour cette parenthèse tout aussi enchantée qu’exfoliante. »

9/ Garden With Lips ”Magnolia" (L’Église de la Petite Folie)

« En cet hiver passionné et incertain, le Jardinier aux Lèvres d’or sera votre hôte et son « Magnolia » inspiré s’avère être le genre d’album-arbre sous lequel on s’abrite quand gronde le monde et, si la foudre venait à tomber, nulle crainte, elle ne ferait que recharger nos cœurs. »

10/ Laura Loriga “Vever” (Ears & Eyes Records)

« « Vever » est un très grand disque, une lumière dans ce monde obscur »

11/ Michael Wookey “Truelove $ Day” (We Are Unique ! Records)

« Si le mood est bleu, bleu entre chien et loup, ce nouvel album irradie un bien-être manifeste : peut-être est-ce l’amour retrouvé (« Get Gone »), peut-être est-ce la paix avec le passé (« My Handsome Father »), peut-être est-ce la perspective d’aller à la rencontre d’un public sevré de beauté psychédélique (« Show Me What You Got »), que sans nul doute « Truelove $ Day » saura nourrir, ne serait-ce que parce que le mini-tube « Can I Keep You » va cet hiver squatter les ondes radio de vos cœurs attendris – tant d’aisance mérite une récompense ! »

12/ In my Head “Summer Is a Killer” (Noko / Modulor)

« Alors heureusement que Nicolas Cuinier a su se garer devant chez moi, avec ses huit chansons, celles d’un amoureux de la pop musique d’avant le formatage, celles de ceux qui ont Holden Caulfield pour héros. La porte ouverte, il pourra s’asseoir, nous lui offrirons une bière, il pourra nous raconter son parcours, et nous l’écouterons avec plaisir, car le cheminement amenant à cet été tueur, mérite, comme lui que nous laissions le temps filer, sans pour autant laisser nos rêves partir avec lui. Coup de cœur de l’année. »

13/ Poupard “Cérémonie Malgache” (Choléra Cosmique)

« Poupard détruit l’impudeur, soigne son intérieur, rentre en littérature sur une musique qui n’a de cheap que la perception Liebnietzienne que nous pourrions en avoir. « Cérémonie Malagache » (titre étonnant non ?) ou Pialat chez Young Marbel Giants sous captagon. Amour toujours. »

14/ Off Models “Familiar Strangers” (Teenage Hate Records / Hell Vice I Vicious Records / Crapoulet Records / Ganache Records)

« Les 90s, c’était moche, parce que les rockeurs ont (temporairement) abdiqué, mais l’héritage est bel et bien là : Off Models perpétue, sans nostalgie aucune, et avec un savoir-faire indéniable, le mood d’une époque qui savait écrire de sacrées bonnes chansons, entre pop et shoegaze, litanies kraut (« You Are Enough », ses harmonies à la Stereolab), ritournelles distordues et instantanéité nourrie du plaisir qu’il y a à vivre le présent. Difficile de faire plus addictif. »

15/ Hoorsees “A Superior Athlete” (Howlin Banana Records / Kanine Records)

« Le meilleur groupe américain est français. Il ne sort pas d’une machine à remonter le temps, il vient du plus beau de nos rêves, celui de l’indie pop rock intellectuellement musclée. Pas un albatros, non un condor. Énorme. »