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Dans la production quasi-suicidaire (car qui a le temps de regarder tout cela) de séries Tv, servant plus à alimenter des tuyaux, qu’à véritablement répondre à un besoin artistique de création, je me laisse parfois porter, ou parfois mon entourage féminin à tendance adolescente m’impose, plus qu’elle ne propose, une série, répondant chez elle, plus à suivre un mouvement collégien, qu’à une véritable démarche de nourriture culturelle.

Elle est parvenue par exemple à me traîner sur deux saisons, sur la série Stranger Things, finissant par atteindre rapidement le point culminant qui entraîne mon corps, vers sa source de régénérescence, le sommeil.

Mais que viens donc faire une série américaine, certes estimable, mais complètement bouffée de l’intérieur par des tiques que même une solution vétérinaire ne pourrait soigner, ici, pour une chronique du premier album de Mossaï Mossaï, Faces.

Ce n’est pas la notion de bande, car Jean-Loup, Marie, Tanguy et Philémon ne sont pas des adolescents sortis de la fin des années 80, et Pierre Lambla (Studio troglodytique) et Baptiste Mésange le réalisateur de l’album (déjà croisé notamment chez la famille Another Records, Jim Fallon, Rank-O) ne sont pas des garde-chiourmes (quoique Faces est une belle démonstration de ce que l’on peut faire en maîtrisant, pas totalement, une forme de fureur).

La liaison est dans cette frontière entre le dessus et son calme relatif, et le dessous, bouillant, rageur, destructeur. Mossaï Mossaï pour Faces tente une expérience digne d’un alchimiste qui aurait obtenue une bourse d’étude dans le laboratoire d’écriture de fontaine et Areski Belkacem explosant les costumes de friperies de Feu ! Chatterton (Esquisses), se sapant d’un bleu de chauffe et de travail à la Steve Albini, des fleurs magnifiques dans la poche, sur le poitrail.

Lorgnant chez les plantes aux racines plongées dans le dessous brûlant (Sonic Youth, Swans ou Throbbing Gristle) le quatuor joue avec le feu, comme un funambule unijambiste, mais avec sur le visage, le rictus d’un Denis Lavant qui ne comprend la marche de la vie que par sa recherche des accidents. Pas totalement obscur, voir évident (Silence des Toits), Faces n’en reste pas moi un objet à part bouture réussi, qui n’est pas sans nous rappeler L’Europe de Brigitte Fontaine et Noir Désir, ou même du Nous n’avons fait que fuir de son sauvage chanteur (Charge). Une maîtrise des forces telluriques du dessous, pour créer des geyzer et des fumeroles poétiques, nous plongeant dans le plaisir sadique de l’inconfort, afin de nous sentir avant tout, vivant.

Étrange chose, Big Faces. Détonant.




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