Portrait du chroniqueur optimisant ses efforts : à l’instar de l’année dernière, à peu de choses près, je n’ai écouté que ce que j’ai chroniqué, et chroniqué que ce que j’ai écouté, soit environ deux cent disques, ce qui fait que je suis (très très très) certainement passé à côté d’un paquet de bons trucs. En ressort une short-list biaisée, incomplète et partisane : on va dire que ce sont les vingt albums que j’ai préféré écouter, et puis voilà.

YGGL – Gaijin (Musique d’Apéritif)

Une tuerie dans tous les sens du terme (production à l’os, beats organiques, mille-feuille de cordes claires ou saturées) mais également une sacrée madeleine 90s, que j’écoute en boucle depuis des semaines : on the top !

The Underground Youth – Nostalgia’s Glass (Fuzz Club Records)

The Underground Youth, c’est l’élégance à l’état pur, et leur nouvel album est sans aucun doute un des meilleurs publiés cette année. Dont acte, le voici à la deuxième place de ma liste de Noël.

Vertige – Aux Solitaires ! (Transcendance)

Allez, hop, du black métal sur la troisième marche du podium – une voix amie vous parle : « Je ne supporte plus personne, être entourée m’angoisse et m’oppresse, leurs conversations m’ennuient, je n’arrive pas à me sentir concernée, leurs présences m’étouffent. ». Ma vie de bureaucrate dans toute sa splendeur déchue, donc ça fait du bien de se sentir moins seul.

Young Fathers – Heavy Heavy (Ninja Tune)

Électro, rap, gospel, soul, space pop, afro punk rock, tout passe avec classe à la moulinette d’une production très compacte, passionnante à disséquer lors d’une écoute attentive au casque, tout en tapant des pieds. J’adore.

Claire Redor - Fruit Mûr (Une chose sûre /Modulor)

Fruit Mûr confirme avec brio les belles promesses entrevues ces dernières années et, surtout, plaçait d’emblée, dès le mois de janvier, la barre très haut, très très haut.

Howlin’ Jaws - Half Asleep Half Awake (Bellevue Music)

Le rock’n roll, c’est une attitude face au réel, c’est here and now, les yeux grands ouverts, le panache (jusque dans la lose) en bandoulière, toujours un pas de côté : grosse hype autour des Howlin’ Jaws, carrément méritée.

Slowdive – Everything is alive (Dead Oceans)

La revanche de la girl next door shoegaze, qu’au bal des 90s personne n’invitait à danser : trop commune. Trente ans plus tard, elle resplendit, avec un cinquième album presque parfait.

Bleu Reine – La Saison Fantôme (Sanit Mills Records)

Le très attendu La Saison Fantôme se fait le portrait d’une artiste tout simplement unique : masterclass.

La Jovenc & Nei Shi – Gardenia (Ten contemporary songs in homage to Billie Holiday) - ((R)esisto Distribuzione)

Un road-trip jamais passéiste, qui ravive, avec amour et inventivité, le répertoire d’une artiste majeure du siècle dernier, dont l’aura traverse les époques et continue de nourrir notre imaginaire collectif.

Tales and Remedies - Soak my Soul into the Sea - Pt. 1(Autoproduit)

Tales and Remedies - Soak my Soul into the Sea - Pt. 2(Autoproduit)

Cette année, double ration de Tales and Remedies. Quand on savoure Rythms of Sadness, la seule question qui se pose est : nom d’un chien, au vu d’une telle ambition artistique, suis-je en train d’écouter un groupe français sans label ? Rêve-je ? Mes compatriotes sont-ils sourds ?

laudanum - As black as my heart / As red as your lips / As blue as my veins (We Are Unique Records)

Le nouveau (triple) album de laudanum est d’une ambition rare et hallucinante, Matthieu Malon a tué le game.

Sparks - The Girl is Crying in her Latte (Island Records)

Il y a tant et tant de richesses, d’assurance et d’inventivité dans le 25ème album de Sparks qu’il est presque difficile de croire que les frères Mael ont commencé à œuvrer à la fin des 60s. Effet Benjamin Button garanti.

The Darts – Snake Oil (Alternative Tentacles)

Conclu par un dantesque Bring It Back et sorti en mars dernier, Snake Oil était le genre de bombinette addictive qui vous permettait d’attaquer la rentrée pied au plancher.

Nuages Électroniques – Prologue (Autoproduit)

Ce qui fait (entre autres) le très grand charme de Prologue, c’est sa capacité à jamais n’en faire trop. J’ai eu la chance d’écouter la suite, qui est dans les tuyaux : vivement l’année prochaine !

Caesar Spencer – Get Out Into Yourself (New Radio Records)

L’espace d’un instant, à l’écoute de Requiem, je me suis demandé ce que ça pourrait donner si Caesar Spencer chantait en français : avec des textes ne serait-ce que potables, il mettrait hors-jeu une grande partie des fragiles hexagonaux, mais je suppose que son ambition est toute autre – taquiner les sommets, tutoyer les étoiles, narguer la facilité.

Christine and the Queens – Paranoia, Angels, True Love (Because Music)

On a des exemples récents de grandes ambitions artistiques flirtant avec la démesure et plongeant leur auteur dans un marasme psychologique, tel Sufjan Stevens et son incompris The Age Of Adz : puissent la fougue et la générosité de Christine and the Queens ne pas lui jouer de mauvais tours.

BBCC – Michael (October Tone)

Un seul mot, merci, c’est exactement pour ça que j’aime chroniquer des disques, la quête du frisson, pas de note ni de clé de sol (on n’est pas chez les bourges de gauche) mais un verdict unanime – je suis amoureux de Michael.

Magnetic Rust – Rejekt (Autoproduit)

La machine s’efface derrière l’individu, dont on sent le cœur battre fort au travers d’entrelacs électroniques addictifs, une vraie réussite.

Formica – The Party (In My Bed)

Très belle découverte, moi je rembobine, efface ma mémoire et réécoute direct cet album terriblement attachant.

Komodrag & the Mounodor – Green Fields of Armorica (Dionysiac Records)

Si carte postale vintage il y a, réminiscences de Jefferson Airplaine, de Creedence Clearwater Revival et Carlos Santana à l’appui, n’oublions pas qu’elle a été postée en Bretagne, en 2023. Le rêve armoricain.

TOP 5 chansons

Exercice délicat de ne retenir que cinq morceaux !!!

Tales And Remedies – Home

YGGL – Sad Dreams

The Underground Youth – Émilie

Back and Forth – Somewhere

Public Image Limited – Strange