« Des petits chiots qui jappent, des stickers collés aux guitares, The Auteurs, la ligne 5 du métro, le Bronx, Kim Deal... » Comment voulez-vous résister à une telle accroche, quand bien même dans les jours (nuits ?) qui viennent, The Cure et les Pixies vont sortir un nouvel album ? Chez ADA, on aime se promener dans les catacombes du rockpopistan hexagonal, quitte à découvrir sur le tard des disques discrets publiés il y a des mois, à l’instar de ce Silent Pictures hébergé par le label Beautiful Widows. Summer Here Kids, tout un programme. L’on pense à Grandaddy (Summer Here Kids), l’on pense à Pavement (Here), l’on pense à Lou Barlow (la BO de Kids), l’on pense à… bah, à l’été, au soleil, aux beuveries en milieu de semaine et à la luminosité pop grunge qui innerve les sept titres d’un opus véritablement attachant, qui voit Vincent Aufauvre (chant, guitare), Corentin Hamon (chant, basse – accompagne son frère Baptiste W Hamon et joue dans Maulnes) et Vincent Pedretti (batterie – bosse avec Aline, Young Michelin, Lonny) se la couler douce sur fond de distorsions et de cocktails harmoniques. Au vu du pedigree des musiciens, j’ai pensé à un canular : sur Internet, aucune review, zéro mention, pas de traces. Bon les chroniqueurs ne peuvent pas tout chroniquer, certes, mais un tel vide, ça questionne, non ? Le meilleur chroniqueur de tous les temps (ciao Nick Kent !) va-t-il être victime de ce que les milléniaux taquins appellent un prank ? Je prends le risque. Et donc, ce court (23 minutes) Silent Pictures paru l’année dernière, nourri au meilleur du lo-fi américain et assumant pleinement ses références, est attachant à souhait, à l’image de l’inaugural mid-tempo Charles, où l’enchevêtrement des voix fait des merveilles. Plus dynamique, We Are Cowboys Now n’en est pas moins délicat et dégage – malgré un tempo élevé – une coolitude assumée, tandis que What’s Wrong With Thee, chanté à bout de poumons, porté par une fièvre quiète et une batterie au son travaillé, délivre une mélancolie tout à fait poignante, qui se disperse dans un final magistral : mini-tube, j’adore, replay. Plus loin Babydoll donne dans le post-punk saturé, quand Kim fait tournoyer voix, arpèges et motifs répétitifs, dans une hypnose grunge pop du meilleur effet. Franchement, comment ne pas être séduit ? Summer Here Kids jamais ne perd le fil de cette joie qu’il y a à jouer une musique solaire, accessible, immédiate, il suffira d’écouter les couplets en forme de dialogue de Line 5 ou le groovy nimbé de bruit blanc et mutin Prince Junior pour s’en convaincre. Ébouriffant, stimulant, franchement addictif, on en redemande.