Ce qu’il y a de bien en cette saison dans cette chouette région qu’est la Lorraine, c’est que l’arrivée rapide du froid prend la nature par surprise, la dépouillant de ce qui lui reste de vie et que givre et bouillard s’immiscent lascivement en elle pour la recouvrir d’un linceul blanc. C’est triste tout ça ? Ben, en fait pas du tout, c’est plutôt cool, moi j’en profite pour enfiler un bonnet, prendre mon épagneul et aller faire de belles balades en forêt - je lui jette des trucs, il les ramène, bref on passe des bons moments.

Mais revenons en à nos moutons, j’ai eu la plaisir de découvrir récemment l’album JOY SHAPES de CHARALAMBIDES, nouveau poulain de l’écurie Kranky, label bien connu pour ses chansons à boire et ses tartes à la crème. Dés la première écoute, je dois bien avouer que cet album m’a filé une fichue trouille. La première plage de l’album, qui s’étale sur pas moins d’une vingtaine de minutes s’ouvre sur une voix, ou plutôt un souffle qui va hanter le reste de JOY SHAPES. L’instrumentation minimaliste, les notes égrenées à la guitare contribuent à maintenir une atmosphère oppressante comme un tapis de brume et les trop rares éclaircies ne parviennent pas à rassurer celui qui s’immerge dans le sombre univers de CHARALAMBIDES. Cet album n’aura finalement de joyeux que son titre, de chaque minute passée se dégage une ambiance inquiétante que je n’avais trouvé précédemment que dans les plus sombres des compositions de Jarboe, le pendant féminin de Michael Gira.

Enfin bref, ce disque évoque de façon inquiétante la nature qui se meurt, dans les régions de l’Est à l’arrière saison, si bien que je ne sais plus quoi penser de mes forêts Lorraines (ça se trouve, c’est rempli de sorcières BlairWitchiennes et j’ai même pas un caméscope pour filmer tout çà), et là ça fait froid dans le dos. Bon, je vous laisse, il faut vraiment que je sorte le chien avant que la nuit ne tombe pour de bon.