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Encore une année durant laquelle, à peu de choses près, je n’ai écouté que ce que j’ai chroniqué, et chroniqué que ce que j’ai écouté, soit un peu moins de deux cent disques. Désolé Kim Deal, The Cure et Indochine, dans la vie on ne peut malheureusement pas tout s’envoyer dans les oreilles. Par ailleurs, je dégaine ma liste début décembre : c’est - j’en conviens - un peu tôt et un peu moche, mais il y a que je sature, le nombre invraisemblable de propositions et de sollicitations, couplé au sentiment de culpabilité que j’éprouve à ne pouvoir satisfaire tout le monde, fait que je sature. Il est temps pour moi d’hiberner, ne serait-ce que quelques semaines. Question aux artistes : pourquoi vous n’utilisez pas Bandcamp ? Je n’ai pas d’abonnement à Spotify ou autres et c’est une galère pour vous écouter, à tel point que je vais désormais me cantonner aux œuvres publiées sur Bandcamp, voire Soundcloud, vous voilà prévenus. Enfin, concernant ma bien partiale sélection, il s’agit des disques que j’ai préféré écouter et réécouter et fredonner sur le chemin vers le bureau ou vers le sommeil et comme vous pourrez le constater, en 2024 j’ai eu comme une envie de douceur, de mélodies, de productions comfy, de mainstream – pas très punk ni underground, pour le coup, sorry.

Albums

01. Cigarettes After Sex – X’s (Partisan Records)

Quand minimalisme, délicatesse et sens de la mélodie s’agglomèrent, j’abdique, j’adhère, je kiffe, textes à l’os, chant au bord des lèvres, arrangements discrets, toujours pertinents : la mélancolie, en boucle.

02. Nada Surf– Moon Mirror (New West Records)

Nada Surf n’invente ni ne révolutionne rien mais fait tout bien, avec passion et simplicité, nous livrant un inattendu grand petit album de rock.

03. Fontaines D.C.– Romance (XL Recordings)

En voilà un drôle de disque, hyper accessible, hyper efficace, canaille en diable, sans tube (quoique) ni fil conducteur, un disque grand public un peu malade, à l’image de sa pochette qui… qui quoi ? Oui, la pochette ! Elle est abominable, non ?

04. Porridge Radio- Clouds In The Sky They Will Always Be There For Me (Secretly Canadian)

Ses nombreuses qualités (exubérance, liberté, sincérité) le placent largement au-dessus de la mêlée, et ce particulièrement grâce au cœur immense / atrophié / à protéger de l’intense Dana Margolin, que l’on sent palpiter sans retenue jusque dans les méandres les plus reculés de chansons qui n’en sont pas vraiment mais qui sont bien mieux que ça. Porridge Radio me désappointe, j’adore.

05. Kicking The Habit – Self-Sabotage (Hamper Studios / Ganache Records)

Le cinématographique Self-Sabotage se perçoit comme la déclaration d’amour de leurs auteurs à l’indie pop rock shoegaze anglo-saxonne : l’on est vraiment à mi-chemin entre organique (le chant très pur, les lignes de basse linéaires, la batterie parfois virevoltante) et synthétique (l’atmosphère cotonneuse, la réverbération, les arpèges électroniques).

06. Bertrand Betsch- Kit de Survie en Milieu Hostile (Microcultures)

Cohérent de bout en bout, la beauté comme boussole, la sincérité en guise d’héritage, Kit de Survie en Milieu Hostile n’est rien de moins qu’un chef d’œuvre.

07. King Hannah – Big Swimmer (City Slang)

L’album est excellent, aussi bien dans sa production brute et néanmoins précise, qui offre un bel écrin aux voix et aux guitares, que dans son interprétation ample, paradoxalement bruitiste (la distorsion cheap, un régal reposant) et feutrée, teintée de blues et de jazz.

08. DIIV- Frog In Boiling Water (Fantasy Records)

Par sa finesse, son élégance, sa patiente humilité, Frog In Boiling Water dispose de solides atouts (et atours) pour nourrir votre vague à l’âme, au moins jusqu’au retour du mauvais temps.

09. Léa Jacta Est– Horizons du Fantastique (Autoproduction)

Musicienne accomplie, Léa Jacta Est nous livre un bien aventureux album, expérimental et très abouti (écoutez-le au casque, vous verrez), magnifié par une interprétation quasi magique.

10. Matthieu Malon – Bancal (Lost In Music Records)

Dans l’underground hexagonal, Matthieu est une boussole, que je suis depuis ses débuts avec Joe Shmo. Ce type mérite un tribute : en voilà un beau projet pour 2025, n’est ce pas ADA ?

11. Back and Forth – Time Whispers (VLAD Productions)

Sept titres d’une pureté cristalline et dont systématiquement les fins s’enfièvrent et nous transportent – j’adore ce genre de procédé narratif, fait de lentes montées et de climax contrastés : rien de moins qu’un petit chef d’œuvre intemporel.

12. Gang Clouds- Time Makes Us Wiser (Autoproduction)

Acidulé et furieusement mélodique, le choral Time Makes Us Wiser file à cent à l’heure sur l’autoroute de l’harmonie solaire : un maelström d’influences pertinentes au service de compositions maîtrisées. Particulièrement enthousiasmant.

13. Chrystabell & David Lynch- Cellophane Memories (Sacred Bones Records)

Cellophane Memories est tout simplement beau, très beau, et la beauté, si rare, fait du bien, beaucoup de bien, tandis qu’au dehors le monde moche mugit : à l’abri derrière mes volets fermés, les yeux clos, j’écoute un disque ami.

14. Idles – Tangk (Partisan Records)

J’ai revu à la hausse les qualités de ce disque, qu’à sa sortie j’avais quelque peu mésestimé. Se tromper, ça fait partie du job, non ?

15. Nick Wheeldon & The Living Paintings - Waiting For The Piano To Fall (Le Pop Club Records)

Le très beau Waiting For The Piano To Fall invoque le mauvais sort tout en le conjurant, à coups de mélodies enivrantes et d’arrangements inventifs : Nick Wheeldon est un bien talentueux exorciste.

16. Capsuna – Capsuna (Autoproduction)

Attachante pop lo-fi, ludique, mélodique et teintée de grunge, gorgée de soleil et de sonorités acidulées, qui lentement fondent en bouche. Un régal.

17. Tindersticks– Soft Tissue (City Slang)

C’est tellement bien fichu, et les ornementations, à la fois simples et luxuriantes, se dévoilent lentement, patiemment, amplement, je me régale, c’est comme un défilé de bon goût, on se félicite d’assister à une débauche de swing, de savoir-faire et de beauté. Haute couture.

18. Grandaddy – Blu Wav (Dangerbird Records)

L’on retrouve sur ce merveilleux Blu Wav les inflexions vocales chères à Jason Lytle, ainsi que ces suites d’accords immédiatement identifiables, et qui nous réconcilient avec un groupe que nous avions, peut-être à tort, abandonné trop facilement.

19. Gwendoline – C’est à moi ça (Born Bad Records)

Les plus purs héritiers de Bruit Noir font du bruit gris, ils ont un nom de merde, on les aime, c’est Gwendoline, et ils ont sorti un des meilleurs disques français de l’année.

20. Jack White – No Name (Third Man Records)

Une assurance, une force, une virtuosité remarquables, mises au service de compositions jubilatoires, qui foncent tête baissée dans le groove et le mur du son – si l’on est sensible à ce genre de registre, bain de jouvence garanti, No Name étant sans aucun doute l’épiphanie rock’n roll d’un Jack White en forme olympique.

Singles

Cette année, le single que j’ai le plus écouté date d’il y a pile poil dix ans : le fabuleux / démoniaque / tentaculaire Human Sadness, que l’on retrouve sur l’album Tyranny, de Julian Casablancas+The Voidz. J’ai beau essayer d’en faire le tour, à chaque fois je me fais embarquer et me retrouve, abasourdi par tant d’ambition folle, dans un no man’s land sensoriel sans fond ni fin. Dix minutes de plaisir pur, d’étonnement, d’admiration sans bornes. Un rêve de musicien libre.

1. Fontaines D.C. – In The Modern World

2. Idles – Roy

3. Habibi – On The Road

4. Vania De Bie-Vernet – Mega Melancholia (Edit version – feat. Delgado Jones) 5.

5. Geysir – Tanzwelle




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