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Paru en 2010, Lost Lost Lost, premier album de Jean-Sébastien Nouveau sous le nom Les Marquises nous avait séduit par un savant mélange d’expérimentations électroniques et d’équilibre pop entre calme et tempête parfaitement incarné par le morceau Sound and Fury.

Pensée Magique sorti en 2014, nous avait ensorcelé par ses rythmes tribaux, ses expérimentations aux accents jazz par instant et des morceaux dans lesquels se perdre jusqu’au vertige Les Maitres fous ou Chasing The Hunter. En clôture du disque sur Jennie’s magic cast on, on pouvait entendre Benoit Burello chanter « Someting Smalller, Something More, Something Less ».

À la première écoute de A Night Full of Collapses, on pourrait être tenté de se dire que cette phrase est sans doute un des éléments qui est resté en tête du maître à penser Jean-Sébastien Nouveau au moment de s’attaquer à ce nouvel album. En effet, l’ensemble est plus posé, en apparence plus calme, plus nocturne également.

Cette relative accalmie formelle est en fait un joli trompe-l’œil car chaque morceaux recèle sa part d’inquiétude, de trouble, incarnée dans des textes qui prennent de fait plus d’ampleur au cœur de compositions transcendées par le travail (une nouvelle fois remarquable) sur les rythmiques notamment sur un des titres les plus forts du disque Des Nuits ou de manière un peu plus évidente sur l’inaugural Vallées Closes sublimement mis en image par Vergine Keaton.

Un des grandes forces du groupe depuis ses débuts et d’avoir toujours ouvert ses portes à d’autres voix (Don Nino sur le précédent, Jordan Geiger sur le premier). Cette fois, c’est Matt Elliott qui vient soutenir la tension crépusculaire sur Feu Pâle et The beguilded.

Cette association atteint son paroxysme sur Following Strangers qui assure un enchainement de haut vol après l’instrumental et cinématographique en diable A Forest Of Lines, forêt dans laquelle il ne serait pas étonnant de croiser la Laura de Jonathan Glazer ou celle chère à David Lynch.

En feignant l’apaisement, Les Marquises ne réduisent pas le propos, mais gagnent en profondeur et en intensité ce qu’elles perdent en folie formelle immédiate (un peu à l’image de l’évolution de la discographie de Matt Elliott depuis ses débuts avec The Third Eye Fundation jusqu’au dernier et immense The Calm Before), et signe déjà un des disques importants de ce début d’année qui se conclue sur The Passing, dernière incarnation de ces effondrements intimes qui nous accompagnent parfois dans l’intimité de nos nuits sans sommeil.

All the things that you do,

all the things that you have,

come to pass and die,

come to pass and I…

A noter que le groupe sera en Release Party en compagnie de Pascal Bouaziz (auteur d’un des grands disques de 2016) et Cheyenne au Petit Bain le mardi 07 févier, puis à Lyon le 15 au Transbo et enfin à Annecy le 17 pour le Festival Hors Pistes.

http://lesmarquises.net