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  • 4 décembre 2012 /
    Liars
    “WIXIW”

    rédigé par gdo
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La fin du monde c’est maintenant, le surboum est imminent, on rase gratis une planète à grand renfort publicitaire, la société du spectaculaire va enfin connaître son climax, sa turgescence magnifique, rentre ici Jean Claude Bourret avec ta cohorte de martiens. Mais l’apocalypse vous salue bien du haut de son cinquième album, l’étrangement nommé "WIXIW", un titre chapardé à une constellation qui devrait connaître une apocalypse probable d’ici trois semaines, suivant un chaman local, qui est aussi crédible qu’un membre du temple solaire dans la station des Menuires. Cette fois ci l’apocalypse est électronique, elle oscille entre les 1 et les 0, elle se ballade avec la décontraction d’un serpent assuré de vous bouffer car une de vos jambes est coupée en deux et que vous ne pouvez avancer (A Ring On Every Finger). Après avoir rajeuni le punk rock, après avoir rendu hommage aux baguettes, après avoir donné à manger aux laudateurs de la cause perdue des pilonnes, après s’être égarés sur une ile déserte pour la peupler de sonorités malades et terrifiantes, les Liars reviennent avec leurs éprouvettes, leurs maladies mentales, leurs volontés de surprendre. Pour eux la fin du monde c’est tout le temps, ce n’est pas un concept, presqu’une philosophie qui semble se tenir, car que nous le voulions ou pas la minute qui passe ne repassera pas, le monde se meurt donc, il faut pouvoir l’affronter. Qui a eu le courage un jour de rameuter les fantômes de Fatima Mansions (WIXIW) sans la crainte de finir dans un bus allant droit en enfer, rejoindre Ceausescu ? les Liars l’ont fait. Qui a donné des envies de retraite à Tom Yorke, si ce ne sont les Liars via un « His And Mine Sensations », genre de manège enchanté hallucinogène. Qui a rayé Beck de la carte mondiale de la musique le temps d’un trip sautillant sur des mines anti personnels dans les balkans, ou dans des déserts ou seuls des touaregs affranchis peuvent encore se permettre de jouer (Flood To Flood). Qui vous mettra plus la frousse que n’importe quel film de Romero que ce « Who Is The Hunter », passage glacial vers le trépas. Qui aura autant dynamité cette année que les Liars avec « Brats » coup de géni technoïdo cradoc, trans- cybernétique, pulsion animal dérangée, tête de pont d’une destruction que le groupe sait inévitable. Car il en est ainsi chez les Liars depuis le début, si le groupe ne va pas à l’autodestruction, il sait que la seconde qui passe est un nouveau cap de sa propre fin, c’est pour cela que le trio est probablement le groupe le plus intéressant de ces dix dernières années, comme a pu l’être Sonic Youth a ses débuts. Les derniers « Annual Moon Words » confirment que les Liars n’ont pas de frontières, pas de temps à perdre, la fin d’un monde devance la création d’un nouveau. Indispensable.